par Castet
02 Jan 2017, 20:01
Bonjour à tous, et bonne année 2017.
Commencer le 2 janvier avec le fret, c'est quand même culotté !
Comme j'ai organisé du transport de marchandises pendant 40 ans, sur les routes bien sûr, mais aussi par wagon, par bateau et par avion, d'abord dans une PME de St Etienne, à l'époque du foot 1973 et suivant... j'ai constaté que le transport de fret est une activité difficile :
1 - les clients sont des gens très sensibles, car pour eux, si le transport c'est 5 % de leur budget, il peut faire capoter leur activité s'il y a un loupé.
2 - Malgré tout, le coût du transport est toujours trop cher parce que les clients rognent le budget partout pour pouvoir vendre, donc quand ils ont tout rogné sur leur coût de fabrication, il ne reste que le transport ou l'on peut gratter quelque chose. C'est pourquoi l'on voit des chauffeurs dans une situation de quasi esclavage. Dans les années 80, on n'avait pas de gens de l'Europe de l'est, à cause de l'URSS qui fermait les frontières, et l'on enployait les hommes costauds qui sortaient de prison... ( transports ONATRA = Onasis Transports par exemple).
3 - Si les transports de masse sont bien organisés entre les gros chargeurs et Fret SNCF et les gros transporteurs, c'est parce qu'il est facile d'organiser le transport de 10 000 ou 100 000 tonnes de fret sur une année. Ces clients là ont déjà réglé la question du niveau tarifaire parce que leur fret est une donnée vitale pour l'économie et la Société : alimentation, énergie, chauffage ou agriculture par exemple.
4 - Pour un client de taille moyenne ou petite, remplir un camion avec 30 palettes 25 tonnes de fret, c'est souvent une livraison très importante qui conditionne une activité sur l'année ou le suivi d'un client destinataire régulier.
C'est donc là que se fait la bagarre la plus dure entre le client et le transporteur.
5 - Quand il s'agit d'une livraison petite, en colis ou quelques palettes, c'est aussi important pour le client, surtout au niveau de la qualité de service, donc là c'est le transporteur qui doit faire jouer sa compétence d'organisation et de tarif. Les plus gros ou les plus organisés sont ceux qui s'en sortent le mieux.
6 - Dans les année 80, le ferroviaire savait faire tout cela aussi bien sinon mieux que la route, avec le SERNAM en messagerie, en wagon complet pour les trains "de lotissement" etc..., tant que l'infrastructure en France du fer et de la route pouvaient se comparer, en étendue, en qualité, vitesse, etc.. donc coût. Aujourd'hui, la comparaison n'est possible que pour les voyageurs :
7 - construction d'autoroutes dans toute la France = construction de lignes TGV voyageurs, donc la concurrence joue dans de nombreuses relations, avec aujourd'hui un créneau supplémentaire covoiturage BLA BLA CAR =
Autocars Macron.
8 - Rappelons nous ce qui a été fait en ferroviaire non TGV : fermetures de lignes transverses au fret et aux voyageurs = transfert sur route du fret et des voyageurs. Les entreprises clientes du fret sont aussi dispersées que les villes sources de trafic voyageur, donc les clients passent à la route.
9 - Ces dernières années, nous avons vu des PME ou entreprises moyennes IMPLORER Fret SNCF de leur charger les quelques wagons qu'ils expédient de temps en temps, parfois parce que la route n'a pas de solutions classiques sur certains frets : matières dangereuses, frets très longs ou dimensions hors gabarit. Fret SNCF n'ayant plus de moyens pour ces trafics les a purement et simplement supprimés, car en plus la marge dégagée par eux n'était pas intéressante.
10 - Aujourd'hui nous voyons des solutions théoriques sortir des cartons, comme par exemple du Laboratoire des Transports de Lyon ou de l'ADEME pour des rames frets AUTOMOTRICES, circulant d'embranchement privé vers des zones de fret intenses comme les ports maritimes. C'es ce que j'appelle "l'autorail fret". Je rêve parfois d'un chauffeur d'autorail fret qui s'arrête à quai, prend la camionnette qu'il a dans le 2e wagon, et fait la livraison à domicile depuis ce point d'arrêt. Qu'en pensez vous ?
11 - Avec la tendance actuelle à la suppression de tout ce qui "dépasse" du standard et coûte en investissements, on peut noter qu'en dehors des Régions Françaises et leurs TER, peu de gens sont motivés sur le sujet. Le fret est entré dans certaines discussions en Région, parce que les infrastructures payées par les Régions sont disponibles de suite pour le fret, à côté des TER.
12 -Maintenant une nouvelle mode fait son apparition en IDF et ailleurs : le NON AU GAS OIL. Alors, le fret routier sera t'il menacé ?
C'est le débat que nous pouvons ouvrir en 2017 !