Je suis passé immédiatement du LP (qui n'est pas en Vinyle contrairement à une légende tenace)au CD, à l'été 1983, car le gain en qualité de restitution de la bande passante (encore une légende: "le son 33T, c'était mieux". En fait, sur le CD, on entend des choses que le 33T ne restituait pas et on croit que le son a été modifié. En fait non. On entend ce qui a réellement été enregistré) et l'absence totale de bruits de type scratch et rumble constituaient un progrès fulgurant.
Par contre, je suis très attaché à l'objet disque. Ma relation au pop-rock est complètement liée au disque. Le plaisir ne se résume pas à écouter. Il est fait de la démarche de recherche, de découverte. Tiens? Elle est chouette cette pochette! Ecoutons voir ce que cela donne. Ensuite il y a la démarche d'achat. En achetant un objet, on investit de soi. On fait un choix qui n'est pas gratuit.
ensuite, l'objet se classe, se consulte. Aux hasards d'une visite dans son armoire à disques, on en ressort un que l'on n'a pas écouté depuis longtemps.
Avec la musique en fichier, on retombe au niveau du PQ ou du paquet de coquillettes. Un truc que l'on consomme et qu'on jette. On télécharge tout ce qui passe, on enfourne de bric et de broc. On casse la cohérence des albums, où l'enchaînement des morceaux avait fait l'objet d'un choix de la part des auteurs.
Enfin, on se forme l'oreille (je parle pour les plus jeunes) à un son de merde (je suis très poli), moins fidèle sur le plan de la reproduction que ne l'étaient les enregistrements HiFi initiaux de 1956. (Jai un 33T de démonstration HiFi, mono, datant de 1956. Passé sur une platine disque connectée à un Luxman à lampes, il sonne incroyablement mieux que le plus récent des fichiers compressés traité par le virus Apple.
Je sais, je suis un vieux con. Mais la musique en fichiers, pour moi, cela peut, à la limite, remplacer la queue au casque d'écoute à la FNAC pour découvrir un morceau, mais certainement pas devenir mon standard.