C'est là tout le problème et c'est le talon d'Achille du système. Le ski (ou frotteur) prend le courant du troisième rail réduit à une ligne de plots (les picots), lesquels sont fixés dans les traverses et n'atteignent pas la hauteur du rail. En pleine voie, tout va bien.
Mais pour passer les aiguilles, il faut bien que le ski traverse les files de rails intérieures sans les toucher. Sinon, comme tu dis, court-jus. Pour y pallier, à l'approche des aiguilles, la ligne de picots s'élève jusqu'à dépasser la hauteur du rail. On le voit bien sur cette photo extraite de ma bibilothèque:
De ce fait, le ski monte sur la file de picots et passe au dessus du rail sans le toucher. Mais ce faisant, il doit pouvoir s'enfoncer davantage sous le bogie ou sous le châssis de la locomotive à laquelle il est fixé.
Et c'est là que le bât blesse. Car sur pas mal de machines, le débattement du ski est un peu juste. Lorsqu'il passe sur la ligne de plots surélevés, il fait décoller les roues. Le bogie "skie" littéralement sur les picots.
Pour éviter le déraillement à ce moment là, Märklin a compensé en installant des roues aux boudins "coupe jambon" afin qu'elles restent calées à l'intérieur du rail. C'est ce que j'ai appelé la norme "Picot 87"
C'est assez mal foutu et c'est esthétiquement le point le plus discutable du système "trois rails": les plots en pleine voie sont assez discrets. Mais sur les appareils de voies, ils sont réellement très visibles et totalement irréalistes. Tout comme les boudins de roues.
Il y aurait pourtant une solution assez simple et je ne comprends pas pourquoi Märklin ne l'a jamais proposée: dans la mesure où toutes les files de rails alimentent un même alternance, si la continuité électrique est assurée par les files de rails extérieures, on peut effectuer des coupures sur les files intérieures.
On pourrait dont tout à fait isoler les cœurs d'aiguilles et les mettre à l'alternance des picots. Ou carrément les laisser non alimentés. Il n'y aurait même pas à polariser l'ensemble. Mécaniquement, il suffirait d'élever très légèrement les picots à l'approche du cœur pour que le ski arrive à hauteur du rail. Le ski frotterait au passage un rail non alimenté tout en prenant encore le courant sur les plots amonts et avals.
Cela résoudrait deux problèmes à la fois: l'esthétique et la mécanique du débattement du ski. Pourquoi ne le font-ils pas? Mystère.
Ce qui est sûr, c'est que la voie - élément essentiel s'il en est - est un élément particulièrement négligé par Märklin. La voie M est totalement dépassée et n'est plus construite; la voie K a des profilés antédiluviens et la voie C, plus fine, présente un programme inachevé et des appareils de voies mal conçus.
C'est essentiellement pourquoi je ne recommande plus à personne de débuter en trois rails. Sauf à juste vouloir mettre un ovale autour du sapin. Car dans ce cas, comme jouet, c'est increvable et ça roule.
En modifiant le plan de voie de Bruxelbourg, j'ai supprimé deux aiguilles. J'en ai discuté avec des Märklinistes chevronnés sur un autre forum et nous sommes tombés d'accord sur l'idée de faire un essai d'isolation du cœur. Je vais sacrifier une des aiguilles ôtées du réseau pour faire des essais.