BURLINGTON a écrit:domi a écrit:Alain, ce que tu dis est vrai aussi, mais proche de nous, un pays comme la Suisse, ...
Domi, je m'attendais à ta réponse
J'avais préparé une phrase concernant les autres pays, mais je ne l'ai pas mise dans mon message. Je pense qu"on ne peut pas raisonner comme nos voisins. Proche ou éloigné. Chaque pays à son histoire, sa sensibilité culturelle et surtout sa géographie. Celle de la Suisse est toute particulière. Centrale, elle voit, avec l'Autriche, passer la majeure partie du trafic nord sud. Ces deux pays ont des reliefs très accidentés. Chez nous le transit est limité au relation Europe centrale Espagne. Donc moindre. C'est aussi une des raisons du déclin du chemin de fer en France
Si on souhaite encore moins d'activité manufacturière ou agricole en France, il n'y a qu'à continuer à mettre des barrières à tout va. Aujourd'hui dans une vie, obligatoirement mondialisé, nos industriels et notre grande distribution savent aller chercher leurs activités ou produits là où il y a le moins de contrainte.
Obligatoirement mondialisé ? Oui. Car nos activités ont besoin de débouchés et de sources d'approvisionnement hors de nos frontières.
Hé, hé... Eh bien moi Alain, je m'attendais à la tienne.
J'objecterai deux choses dans ton raisonnement :
1)La topographie de la Suisse : oui, tu as indéniablement raison,.... sauf que la France présentant une surface bien plus grande, c'est un lieu de passage quasi obligé pour les trafics que tu évoques à juste titre, mais aussi les trafics venant du Royaume Uni, de l'est de l'Italie, du Benelux, de l'ouest de l'Allemagne, etc. Il n'y a qu'à emprunter les autoroutes A1, A6 et A10 pour constater la présence extrêmement importante pour ne pas dire déraisonnable de camions en transit depuis ou vers ces contrées...
2)L'Economie (entreprises, industriels, distribution grande ou petite) va toujours au plus simple et au plus efficace en effet. C'est une réalité. Mais là il y a deux moyens de l'appréhender. La nôtre (enfin, celle de nos "décideurs"
), qui consiste à rester les bras ballants et dire "ben oui, c'est comme ça, on n'y peut rien" (et là, je ne sais même pas si un Pépy se fait seulement cette réflexion, tout occupé qu'il est à dépenser 6 M € en petits fours et en champagne à l'occasion de l'inauguration de la dernière LGV du moment, ainsi qu'à recruter comme adjoints des fans de rap plutôt que de progression et consolidation du marché), ou celle consistant à se dire : "Les clients foutent le camp ? Employons nous à les faire revenir et à les fidéliser".
Et là j'en veux pour exemple une compagnie qui m'est chère, le Canadien National. Outre le fait que la déco de ses locos est à mes yeux une des plus belles qui soit, cette compagnie force mon admiration car dans un marché déclinant, celui subséquent à la crise des subprimes de 2008, elle a su effectuer sa révolution culturelle. Partout où elle se trouvait et où elle ambitionnait de s'implanter, elle a été voir TOUS les acteurs économiques, politiques, administratifs et autres, pour créer une chaîne logistique la plus fluide et la plus complète qui soit. Pour illustrer, la supérette de la banlieue de Trois-Rivières qui voulait se ravitailler en savonnettes produites dans le Nebraska (exemple théorique, juste pour dire ce qui à l'instant me vient à l'esprit) n'avait qu'à s'adresser à CN, qui faisait tout le reste. L'idée étant que la savonnette allant du Nebraska à Trois-Rivières, que le conteneur allant de Prince-Ruppert à Toronto, le paquet de carottes allant de Vancouver à Chambord à côté du Lac-Saint Jean, tout, absolument tout ce qui transite à proximité du réseau du CN, le fasse sur au moins une partie de son trajet dans un wagon de cette compagnie.
Et ça a marché, le chiffre d'affaire de la compagnie a augmenté de 20% en deux ans, à partir de 2009...
On m'objectera les distances importantes ? Eh bien autre exemple qui me tient à coeur, le Florida East Coast, "regional carrier" américain qui rentabilise un trafic intermodal sur 600 km entre Jacksonville et Miami.
On m'objectera les coûts générés par le rail chez nous plus importants que ceux générés par la route ? C'est là où ré-équilibrage à la Suisse pourrait avoir du sens, lié à une évolution telle que je la suggérais ci-dessus avec mes deux exemples nord-américains.
Il n'y a pas de fatalité, je continue de penser. Juste une question de volonté. Même si le tissus industriel français (et le trafic potentiel qui lui est lié) a été mis à bien mal ces trente dernières années notamment par des règles communautaires inadaptées et une passion bien française pour la sur-réglementation de toutes nos activités.
Domi
"La termitière future m'épouvante. Et je hais leur vertu de robots."