par domi
23 Jan 2019, 16:23
Puisque le mouvement des Gilets Jaunes a permis aux pouvoirs publics de subitement se souvenir qu'il y a dans notre pays des citoyens, avec leur vie, leur histoire, leurs joies, leurs soucis et leurs buts, et de proposer un fort bienvenu débat national, je me suis dit que cela valait le coup de m'y pencher (on verra ce qui en sera fait in fine, je ne me fais pas trop d'illusions mais ne sait-on jamais). Je vais réfléchir ces prochaines semaines sur tous les points proposés et donner mon point de vue synoptique sur ces questions quand nous nous approcherons de la clôture des débats.
Voici déjà ce que j'ai noté pour ce qui concerne la question 17 de la transition écologique :
"Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur laquelle vous souhaiteriez vous exprimer ?"
Ma réponse :
"Il faut remettre le transport de marchandises SUR LES RAILS ! ! ! En France, en 1998, hors oléoducs et gazoducs le fret ferroviaire représentait 17.19% du total des tonnes x km transportées, contre 80.83% pour la route. En 2007 les valeurs respectives des deux modes étaient de 10.88% contre 87.17%. En 2017, 9.60% contre 88.47%…. On va jusqu’où comme ça ? ? Jusqu’à 0% pour le rail et quasi 100% pour la route ?
En Amérique du nord, le transport ferroviaire de marchandises est une activité rentable, pour des centaines de compagnies grandes, moyennes et petites quasiment toutes propriétaires de leurs réseaux et infrastructures, et là-bas le rail est pratiquement à égalité avec la route en matière de tonnes x km (~45 et 45%, le reste se répartissant entre le fret aérien et le fret fluvial et maritime).
Il faut comprendre que le transport routier de marchandises longue distance est un non-sens.
-Non-sens écologique : à valeur égale de tonnes x km, le transport routier consomme 3 à 4 fois plus d’énergie que le transport ferroviaire (beaucoup moins de frottement pour ce dernier).
-Non-sens économique : la saturation des routes proches des grandes agglomérations est en grande partie dûe à la prolifération des camions. Tout confondu, ce sont pour les usagers de la route des millions d’heures perdues chaque année dans les embouteillages. Des millions d’heures qui ne peuvent pas être consacrées à d’autres occupations générant de l’activité économique (travail, loisirs, etc). Par ailleurs, dans les embouteillages, ce sont des millions de litres de carburant engloutis à perte, ce qui rejoint le 1er point ci-dessus.
-Non-sens pour les finances publiques et privées : un seul camion semi-remorque de 38 tonnes use la chaussée comme 150000 (cent-cinquante mille ) voitures. Il est clair que le transport routier de marchandises ne paie pas à la collectivité ce qu’il lui coûte. En tant que contribuable et client des autoroutes (à ce propos, pourquoi avoir privatisé ces dernières ? ? ?), je veux juste ne pas être ‘‘cordialement invité’’ à sponsoriser de mes deniers le transport routier de marchandises…
Attention : je ne propose pas de revenir aux conditions d’il y a 150 ans, avec le transport de marchandises par train là où il y avait des rails et le reste sur des chars à bœufs. Je prône juste une utilisation intelligente des camions qui devraient être limités aux parcours terminaux non desservis par le rail.
Ce que j’aimerais voir être réalisé :
1)Transfert du réseau ferré à une ou des entités publiques ou privées, qui se le verront attribuer gratuitement contre l’interdiction de déferrer et déclasser les lignes n’acheminant actuellement aucun trafic (Idem pour ce qui resterait sous la juridiction de SNCF-Réseau). Des aides publiques seront attribuées à tout opérateur désirant rouvrir des lignes fermées.
2)Supprimer l’impôt sur les sociétés aux entreprises, privées ou publiques, qui manifesteront leur intention d’utiliser le réseau ferré pour y faire rouler des trains de marchandises, pendant X années, puis taxation réduite ensuite.
2)Même chose pour les entreprises de transport routier qui réduiront drastiquement ou supprimeront leur activité longue distance et qui développeront à la place une activité locale complémentaire du rail. Un moyen d’atteindre cet objectif est bien entendu le ferroutage.
3)Le financement de tout cela pourrait en un premier temps être obtenu, partiellement ou totalement, par la taxation au mouvement individuel des camions en transit à travers la France d’un pays étranger vers un autre pays étranger. Quand on voit le trafic sur l’A1 ou sur l’A10… - C’est d’ailleurs ce que fait la Suisse, à raison de 400 FS par mouvement de camion en transit, ce qui entre autres permet aux compagnies ferroviaires suisses (CFF-SBB, BLS, plus les myriades d’opérateurs ferroviaires locaux et/ou de proximité) de présenter un ratio total de plus de 30% de part modale…
Quand on aura atteint cet objectif, on pourra éventuellement demander au vulgum pecus qui ‘‘fume des clopes et roule au diesel’’ de faire des efforts et changer sa voiture contre un modèle moins polluant, voire de taxer d’avantage son gas-oil qui l’est déjà bien comme ça, mais pas avant."
Domi
"La termitière future m'épouvante. Et je hais leur vertu de robots."