Arrivés au pont suivant, celui de la rue Heynen, nous jetons un coup d'oeil sur la tranchée vapeurs en direction de la gare de Bois-Colombes alors qu'arrive une rame de 6 VB2N rénovées poussée par une BB 27300. On aperçoit tout au fond les grands immeubles 1930 qui bordent la gare de Bois-Colombes.
A peine la photo prise arrive dans l'autre sens une rame identique, tractée celle-ci, en direction de Paris.
Cinq minutes encore et nous atteignons la limite entre Bois-Colombes et Asnières formée par la rue des Bourguignons (que sont-ils donc allés faire par là?). Face à nous, les voies vapeurs venant des Vallées que nous avons suivies convergent vers le faisceau Colombes, derrière les bâtiments de la gare de marchandises et de triage d'Asnières-sur-Seine que nous voyons sur la gauche.
Tournons nous un peu plus vers la gauche. Nous découvrons en arrière plan une sorte de hangar très délabré:
Nous allons nous y intéresser de très près car il s'agit d'une construction remarquable!
En contournant l'immeuble à gauche de la photo, nous accédons à une impasse donnant accès à une avant cour où se trouve la façade de ce "hangar délabré":
Nous sommes ici devant un témoin historique du patrimoine ferroviaire français, classé à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, dont l'état en dit long sur l'intérêt qu'il présente aux "élus" de la "nation"
Il s'agit de l'ancien embarcadère du Champ de Mars, tête de ligne de Paris à Versailles, construit en 1878 suivant les plans de Juste Lisch, qui fut aussi l'architecte de la gare St-Lazare à Paris. Il s'agit d'une charpente métallique sur soubassement de pierres, décorée de briques peintes et coiffée de tuiles vernies.
L'édifice central est flanqué de deux extensions abritant les bureaux. Son emplacement parisien le situait à quelques mètres du pilier ouest de la tour Eiffel.
Ne répondant plus au trafic de la fin du 19ème siècle et les ateliers d'Asnières et Bois-Colombes ayant été détruits par le cyclone de 1897 (dû bien évidemment au réchauffement climatique), l'édifice est démonté et remonté à son emplacement actuel. Jusqu'en 1924, le bâtiment va servir d'atelier avant de redevenir un bâtiment voyageur de 1924 à 1936.
En effet, dès 1924, il devient le terminus de la première ligne électrique de Paris-St-Lazare à Bois-Colombes, la gare principale de Bois-Colombes étant réservée au trafic vapeur. Ce n'est qu'en 1936, lors de l'électrification de l'ensemble de la ligne jusqu'à Argenteuil, que l'édifice sera fermé au public; le relai étant pris par la nouvelle gare en tranchée de Bois-Colombes, toujours en service aujourd'hui.
Une vue plus rapprochée de la façade et quelques vues de détail révèlent à la fois l'intérêt architectural des structures et l'état de quasi ruine où elles se trouvent. Une partie de la toiture est effondrée et des arbres poussent sous la halle. Le bâtiment menace aujourd'hui réellement de s'écrouler.
Le voici sur une carte peinte d'époque:
Et sur une vue aérienne prise probablement de la tour Eiffel:
Nous ressortons de la cour et prenons à droite pour gagner le faisceau des voies venant de Colombes d'où nous voyons le bâtiment en situation. La tranchée est bordée d'une grille à très petit maillage qui empêche de mieux cadrer la photo.
Enfin, nous gagnons la gare actuelle de Bois colombes dont nous voyons la tranchée côté Paris avec à gauche le faisceau des grandes lignes et à droite celui des banlieues.
Et la tranchée côté Colombes avec son quai en contrebas:
Le BV actuel date de 1936 et n'a pas été trop défiguré par le fonctionnalisme dévastateur de ces dernières années.
C'est ici que se termine notre périple.