Bonnes et mauvaises nouvelles du rail français

[CarloDiGhega]

Intéressant, que les mêmes problèmes (coupage tarifaires, subventions différentes par état ou région etc..) ne posent pas du tout un problème en Suisse, Autriche, même en Allemagne...

Et ça ne pose pas un problème, si tu descends du train à Dreux, composte ton billet et prends le train prochain. Mais - on m'expliquait - il ne faut pas du tout descendre, composter et monter sur le même train, c'est interdit (mais qui peut le contrôler??)!

Complètement absurde.

[SAVAJOL]

Oui Carlo, absurde. Ou alors faut faire vite
Mais en poussant plus loin , imagine que Quelqu'un le fasse (descendre, composter, remonter parce que l'on met les gens dans des situations à le faire), on génère un risque de chute sur le quai, de tentative d'accès alors que le train part, de bagage oublié dans le train par précipitation.
Bref encore du retard à la clé ou incident.
Puis qui contrôle ? Avec l'EAS, Il y aura des contrôles automatiques d'accès au quai, puis éventuellement des contrôles aléatoires en cours de route ou en accueil arrivée par des brigades. Le réflexe des gens habitués à une ligne va être d'essayer d'analyser le nombre de contrôles qu'ils sont suceptibles de rencontrer, d'estimer combien d'amendes ils pourraient avoir et de comparer leur coût à l'achat du titre de transport au mois / année.... Puis de jouer.

C'est un choix d'AO sur proposition d'entreprise ... Qui arrange les deux en terme de coût. Le seul truc, c'est que l'on ne sait pas évaluer le manque à gagner ... On l'estime. Puis c'est un calmant social de laisser un peu de Liberte de mouvement à ceux qui ne peuvent pas se payer le luxe de bouger.

[CarloDiGhega]

Au bout de la même avenue, il y a la gare de Bécon les Bruyères. Mais il n'y a qu'un seul fournisseur de trains qui y opère (Celui qui emploie des non-fonctionnaires). J'aimerais bien voir sur quel quai se formerait la queue s'il y en avait plus d'un.

Une comparaison un peu plus adapté : les queues chez Ryanair et les entreprises "Ryantrain" sont aussi assez longues, quand ils sont moins chères et quand la majorité des gens prennent sans réfléchir le moins cher, mais moi, je ne voudrais pas prendre ni Ryanair, ni "Ryantrain" (des entreprises comme WESTbahn). Leurs manière de presser leurs employés comme une citron est même une risque de sécurité.

Il y'a une entreprise "Ryantrain" en Autriche, elle paye 10-20% (!) moins que les autres (majoritairement tenues par le public), en conséquence les ÖBB (qui ont un grand manque de personnel eux-même) arrivent de recruter quasiment tout le personnel du WESTbahn après sa formation.

Donc, les conducteurs, les responsables de maintenance, un grand partie du personnel change quasiment dans un cadencement mensuel. Imaginez alors, le bazar. Seulement ceux, qui ne sont pas recrutés par les autres (les raisons pourquoi sont simple à imaginer), restent chez eux.

[BB63670]

Pour comprendre la culture cheminote, qui a disparu dès que l'usager est devenu client.

C'est pas sympa pour les cheminots, ça.

[bernard21]

Pour comprendre la culture cheminote, qui a disparu dès que l'usager est devenu client.

C'est pas sympa pour les cheminots, ça.

Et, cela n'est pas non plus très juste, si l'on s'en tient aux "canons" officiels [..] pour qui le mot "usager" est le seul qui vaille lorsqu'on veut définir celui qui utilise un bien ou un service public, pour satisfaire un besoin.

C'est le cas des tribunaux, depuis 1906, du décret n°83-1025 du 28 novembre 1983 concernant les relations entre l'administration et les usagers, du code de la santé publique, du Sénat https://www.senat.fr/leg/ppr00-334.html, des traités sur l’Union européenne qui ont institué les "SIEG" (pour services d’intérêt économique général), et surtout… de la SNCF, elle-même, qui par la voix de son DRH, Benjamin Raigneau, a dit, en 2018 :

"Notre responsabilité est de répondre aux besoins des usagers"


Cela étant, je ne nie pas que l'évolution des choses en ait fini par faire que l'usager devienne un client, dans l'esprit de beaucoup… en contrepoint du fait que la SNCF n'est plus (ou ne sera plus bientôt) le seul "fournisseur" du service transport par chemin de fer.

Car, en bonne sémantique, le client est celui qui est libre d'acheter au fournisseur de son choix, l'usager étant tenu de son côté, d'en passer par LE service public, en principe seul de son espèce, dans l'activité économique ou sociale considérée.

Mais il est vrai que le bon Henri VINCENOT, lui-même, n'aurait guère pu imaginer que l'avenir donnerait si tôt raison à "son" Saint Simon, juste avant la révolution française : « le sort des choses publiques est presque toujours d'être gouvernées par des intérêts privés" (Mémoires, vol.II1983)…

[BB63670]

Tu veux dire qu'on ne doit pas satisfaire un client ?

[domi]

Le problème est que la SNCF a réussi le prodige de totalement mélanger les genres : d’un côté devenir ou rester une espèce de pétaudière à la lourdeur bureaucratique et syndicaliste la plus extrême, et de l’autre devenir un vecteur décomplexé du capitalisme financier le plus débridé et court-termiste.

Il aurait fallu définir une bonne fois pour toutes ses orientations : soit on en faisait une entreprise dynamique, sans doute privée, qui allait chercher ses clients à la petite cuiller dans les moindres recoins, à la manière de compagnies comme le Canadien National, comme le Burlington-Northern et Santa-Fe ou l’Union Pacific outre-Atlantique, soit on la laissait péréniser son statut de service public. Mais un service public performant, si tant est que ce soit possible, y compris aux prix d’une exploitation non-rentable payée par nos impôts (Même s’il est certain que vu le déficit chronique de nos finances publiques, ce choix n’est pas le plus facile à décider).Ce qui a d’ailleurs été le cas pendant les 30 glorieuses, et ce qui n’a choqué personne car la croissance du pays était telle que l’État pouvait organiser le déficit des services publics sans que ça ne pénalise qui que ce soit.

Au lieu de ces choix clairs, ‘‘on’’ a décidé de rester dans le ni-ni, en additionnant les inconvénients des deux formules.

Résultat, le réseau ferroviaire se meurt, la qualité du service est en chute libre, les lignes ferment les unes après les autres (je découvrais abasourdi en parcourant l’ ‘‘autre’’ forum, dans lequel je n’interviens plus, que même une ligne comme Nantes-La Rochelle-Bordeaux en est au stade de la survie à la croisée des chemins), et les camions et les bus prolifèrent sur les routes.

Beau bilan, n’est-ce pas ?

Domi

[BURLINGTON]

La faute à qui J'ai bien une petite idée Les gouvernements successifs, par une certaine lâcheté, ont voulu ménager la chèvre et le choux.

[domi]

La faute à qui J'ai bien une petite idée Les gouvernements successifs, par une certaine lâcheté, ont voulu ménager la chèvre et le choux.

En effet, pourtant tout le monde sait que ça ne marche jamais.

Domi

[bernard21]

Tu veux dire qu'on ne doit pas satisfaire un client ?

Je ne veux rien dire, sinon que l'utilisateur d'un service public n'est pas, au vrai sens des mots, un … client, mais un usager.

… et que la substitution de plus en plus fréquente de l'un par l'autre, dans le langage courant, est une dérive qui peut poser problème aux yeux du droit, sans parler de la sémantique.

Du reste, cela ne touche pas que le chemin de fer, mais aussi bien d'autres professions où l'on avait traditionnellement des "patients", des abonnés, des "assurés", des "déposants", des "lecteurs", et même des "administrés ou des "assujettis", maintenant de plus en plus remplacés par des "clients", comme si le mercantile devait forcément l'emporter sur la précision des métiers.

C'est une façon certes simple (et bien dans l'air du temps) de se représenter les choses, mais c'est aussi un risque de les comprendre de manière tordue.

D'aucuns commencent d'ailleurs à s'en inquiéter, et pas seulement dans le monde public, comme on peut le lire ici : https://www.solutionsfortes.fr/2013/01/27/service-public-un-administre-nest-pas-un-client/