BURLINGTON a écrit:"Sur le terrain" est une expression pour désigner un emploi, peut être en tant que stagiaire, à un niveau que je qualifierais, sans être péjoratif, de "subalterne". Et si possible pas dans la fonction publique ou assimilé. Ça ne serait que pour éprouver pendant quelques mois la vie de tout un chacun.
Bon, à ce stade, le mieux est d'être concret, chacun étant ensuite libre de se faire l'opinion qu'il veut...
Et donc, exemple de "cursus" pour énarque d'une récente promotion (source: ENA):
Au sortir d'un bac de "bonne" série, 4 ans d'université à Sciences Po suivis d'une année en "échange" à l’Université de Science et de Technologie de Hong Kong, pour apprentissage du mandarin et de l'histoire de la Chine et de son "management" d'aujourd'hui.
Puis, retour à Sciences PO pour un Master "Politiques publiques" (filière énergie ), avec au bout de la première année, un stage de 5 mois à l’Ambassade de France à Pékin, au sein du service économique régional de Pekin
(en Chine, m'a-t'on précisé), un autre de 6 mois à Enedis
(pour les fameux "semestre hors les murs" de sciences po, qui impliquent de faire en plus du mémoire classique, un stage en entreprise et un séjour d'échange universitaire à l'étranger). Retour à sciences Po pour la dernière année de master, en "filière numérique", puis inscription à la Prépa Concours de Sciences Po, pour "préparer" le concours d'accès à l'ENA.
Ensuite, naturellement, le parcours classique dans cette école, avec de nouveau un minimum de 2 passages "dans la nature".
Pour une autre de la même promo, j'ai même vu que le M2 en alternance s'était fait aux Restaurants du Cœur
(en tant, quand même, que "chargée de mission en relations institutionnelles").Bien sur, tous ces braves petits candidats à l'élite, ne font pas pour l'occasion des tâches "du bas de l'échelle", pas plus que les futurs médecins n'apprennent à changer les lits des malades, ou à nettoyer leurs chambres, durant leur internat, ou les ingénieurs d'aujourd'hui ne sont forcés à travailler sur une "chaîne d'assemblage" au cours de leur "cursus".
Car, dans notre monde moderne, l'apprentissage d'un métier se doit, ici, comme ailleurs, d'être centré avant tout sur les connaissances qu'il sera nécessaire de posséder pour bien l'exercer : c'est une nécessité économique, pour l'administration, comme pour les entreprises, pour qui c'est avant tout le résultat ou la réussite de la mission qui doit compter.
C'est pour çà qu'on a, de tout temps, fait des écoles d'excellence, qu'elles s'appellent Polytechnique, HEC, centrale ou même St Cyr...
Maintenant, penser qu'il faut absolument avoir
"vécu la vie de tout un chacun" avant de prendre place parmi 'l'élite", c'est un peu oublier que jusqu'à sa prise de poste l'apprenti "administrateur" (ou ingénieur, ou médecin...) aura quand même "vécu" dans le monde pendant une bonne dizaine d'années, rencontré des gens de toutes sortes, parfois eu du mal à boucler ses fins de mois, etc...
Et, il faut se dire que les 5 à 6000 énarques sortis de l'école depuis 1945 ne font pas tous partie de cette catégorie de "privilégiés" que l'on évoque, en pensant avant tout à ceux qui sont sur le devant de la scène, et donnent un spectacle que l'on est en droit de ne pas apprécier.
Tous les "énarques" ne sortent pas "inspecteurs des finances" ou "conseiller d'état": beaucoup oeuvrent de façon obscure dans nos préfectures et nos ministères, en ne se donnant jamais d'autre ligne de conduite que de servir, comme ils doivent le faire, et comme on leur demande de le faire.
Et, je le répète, un conseiller de tribunal administratif qui n'a en charge que de trancher des litiges survenus entre l'administration et des citoyens, n'a pas vraiment d'utilité à savoir comment "vivent les gens". On ne lui demande que de "dire le droit", en appliquant comme il faut des textes qu'il n'a pas faits, et dont il ne peut de toutes façons, s'écarter pour aucune raison, en particulier qui serait liée à la situation personnelle du justiciable.
Pareil pour "l'administrateur" (civil, en l'occurrence), qui n'a pas à se poser la question de savoir s'il est bien (ou mal) d'appliquer la règle dans telle ou telle circonstance qu'il aurait lui-même "vécue" ou qu'on lui aurait fait vivre au travers de "stages". Comme tout serviteur de l'Etat, Il doit faire, jusqu'au bout, ce pour quoi il est payé, et ne faire en cela aucune différence entre les personnes, quelque motif qu'il s'imagine pouvoir en avoir
(c'est écrit dans la Constitution : ..."Egalité").Et, quelque part, il me semble que c'est heureux...