H142
4-1-6) La série 75
La série 75 comprend cinq modèles de locomotives de type 1’C1’
4-1-6-1) Les locomotives de série 75 d’origine saxonne
4-1-6-1-1) Séries 755 – anciennement sä. XIV HT
Le trafic voyageur de banlieue et d’affaire augmentant en Saxe comme ailleurs, les locomotives-tender à deux essieux accouplés de la catégorie IV T (voir plus haut la description de cette machine devenue BR 713 à la DRG) atteignaient la limite de leurs capacités. De ce fait, les chemins de fer du duché de Saxe passaient commande en 1911 pour une locomotive-tender plus puissante à trois essieux accouplés.
Afin de lui conférer des qualités de roulement équivalentes en marche avant comme en marche arrière, l’on optait pour une distribution d’essieux 1’C1’. Comme pour la IV T, les chemins de fer de Saxe restaient fidèles à l’essieu mobile de conception Adams, même si de nombreuses autres compagnies royales de l’époque avaient déjà opté pour le bogie Krauss-Helmholtz.
Le distribution d’essieux 1’C1’ pour une locomotive-tender n’était pas nouvelle. Les chemins de fer de l’état de Bade avaient en effet déjà opté pour cette configuration dès l’année 1900 avec leur locomotive de catégorie VIb. (Nous l’étudierons un peu plus loin) Cette machine était cependant encore motorisée en vapeur saturée et, prenant à leur tour exemple sur la Saxe, les chemins de fer badois la remplaceraient bientôt par une version à vapeur surchauffée : la catégorie VIc. Le Württemberg avait fait de même en 1910 avec sa catégorie T5.
Toutes ces machines seront étudiées plus loin.
Lors de sa mise en service, la locomotive-tender saxonne 1’C1’h2 (donc bicylindre à vapeur surchauffée) était la plus puissante de toutes les locomotives de ce type existant au sein des compagnies royales allemandes, ceci pour une masse adhérente de 49,1t, soit inférieure à celle de ses concurrentes (wü T5 : 43,9t ; bad. VIb : 42,2t ; bad VIc : 47,8t).
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Les premières machines étaient livrées par Hartmann en 1911 sous les numéros 3472 à 3479 et recevaient les numéros de série 1801 à 1808 aux chemins de fer saxons. Elles étaient suivies dès 1912 par les machines 1809 à 1815. Les deux sous séries livrées possédaient des caisses à eau droites d’un seul tenant, courant tout le long des flancs de la machine jusqu’à l’axe de la cheminée. Elles étaient encochées des blocs cylindre à l’essieu moteur afin de laisser place à l’entrainement. Les machines avaient également une cheminée à rebord et une porte de boîte à fumée bombée. Les livraisons suivantes de 1912/1913 présentaient les mêmes caractéristiques (numéros 1816 à 1840). Les caisses à eau avaient cependant été biseautées et plongeaient vers le bas à partir des sablières afin d’améliorer la vue en avant du personnel de conduite. Cette nouvelle configuration se retrouvait à son tour inchangée lors de la première livraison de 1915. (Machines 1841 à 1850). La seconde livraison effectuée en 1915 se voyait équipée de surchauffeurs à serpentins de petite taille de conception Schmidt (Machines 1851 à 1855). Les machines voyaient ainsi leur surface de vaporisation augmenter de 9 m² et leur surface de surchauffe gagner 29 m².
Lors de leur intégration par la DRG, ces cinq locomotives allaient recevoir les numéros de série 75 501 à 75 505. La DRG dérogeait ainsi à ses principes habituels consistant à numéroter les locomotives dans l’ordre de leurs numéros de fabrication.
Deux campagnes de livraison allaient encore avoir lieu. La première en 1917 concernait les machines 1856 à 1875. Ces machines avaient reçu un préchauffeur d’eau d’alimentation. La seconde, de 1918 à 1921 (à partir du numéro 1876) voyait les machines recevoir une porte de boîte à fumée plate en remplacement de la porte bombée. La cabine de conduite avait également deux aérateurs au lieu d’un seul précédemment.
Etaient communs à l’ensemble des machines le corps cylindrique de la chaudière, de fabrication Belpaire, et les deux dômes, reliés entre eux par une canalisation interne à la chaudière, enserrant la sablière. La configuration à deux dômes avait été retenue afin d’assurer une alimentation en vapeur la plus sèche possible lors des démarrages fréquents à effectuer sur les courtes lignes.
Les cylindres des XIV HT étaient de construction identique à ceux des XII H2, futures BR 382-3 à la DRG. (Voir le paragraphe H74).
D’un point de vue performances, les XIV HT tractaient 750t à 75 km/h sur le plat, 400t à 65 km/h en rampe de 5‰ et 320t à 50 km/h en rampe de 10‰.
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La DRG allait intégrer en 1925 83 des 106 locomotives construites par Hartmann. Elles y porteraient les numéros de série 75 501 à 75 505 et 75 511 à 75 588. Les numéros 75 506 à 75 510 restèrent inutilisés. Les machines non intégrées avaient été remises à la France et à la Pologne au titre des réparations de guerre.
Les numéros 75 506 à 75 510 seront finalement attribués entre 1941 et 1945 à des machines reprises aux PKP (où elles formaient la série Okl 101). Deux autres machines reprises porteraient en 1945 les numéros 75 589 et 75 590. Enfin, en 1949, le numéro 75 591 fut attribué à une dernière XIV HT qui avait été remise à la France en 1919 et se trouvait à la suite de la deuxième guerre mondiale sur le territoire de l’Allemagne de l’Est comme SNCF-ETAT 32-916.
Après la deuxième guerre mondiale, la DR maintint 89 machines en état. Ce nombre se réduisit petit à petit pour arriver à 30 machines en service au cours des années 1966/67. Toutes étaient restées en Saxe et opéraient principalement à partir des dépôts de Karl-Marx-Stadt Hbf (redevenue Chemnitz depuis), Glauchau, Zittau, Bautzen et Löbau. D’autres dépôts possédaient une unité de XIV HT.
Lors de la mise en place du plan de numérotation électronique de la DR, 19 machines étaient encore susceptibles de recevoir la nouvelle numérotation. Aucune ne fut modifiée cependant.
Le musée de Dresde a préservé l’une des machines de la première série livrée (numéro d’usine 3477, 1911, BR 75 515 à la DR). Cette machine possède encore les caisses à eau droites. Elle avait précédemment figuré à l’exposition organisée à Radebeul par le MOROP en 1971 où elle figurait encore en état de marche. Son dernier voyage avant expiration du timbre de sa chaudière eut lieu le 2 octobre 1977, de Chemnitz à Wolkenstein, dans les monts Métalliques. Ce fut en même temps le dernier voyage d’une locomotive-tender originaire de l’Etat de Saxe. Elle avait été en service pendant 66 ans et avait parcouru 2,5 millions de kilomètres. Elle fut exposée sous la nouvelle halle de la gare centrale de Chemnitz où elle fut gravement endommagée le 14 juin 1983.
Une autre machine préservée, la 75 501 du musée de Schwarzenberg participe encore régulièrement à des événements ferroviaires comme ici à Hilbersdorf en 2009.
Catégorie : 1’C1’h2
Distribution : Pt35.16
Diamètre des roues motrices : 1590 mm
Vitesse maxi : 75 km/h
Fabricant : Hartmann
Première mise en service : 1911
Tender : 2,5t de charbon
Nombre total construit : 106
Nombre intégré à la DRG : 83
Numérotation : 75 001 à 75 005, 75 011 à 75 588
Dates de réforme : 1977