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4-1-9) La série 78La série 78 ne comprend qu’un modèle de locomotives de type 2’C2’ en deux déclinaisons
4-1-9-1) Les locomotives de série 78 d’origines prussienne et wurtembergeoise4-1-9-1-1) Séries 780-5 – anciennement pr. T18 et anciennement wü. T18La 63ème session du comité prussien des locomotives se tient à Berlin des 8 au 11 novembre 1911. Le point n°31 de l’ordre du jour concerne la mise en construction d’une locomotive-tender de type 2’C2’h2 ; en d’autres termes, une 232T bicylindres à vapeur surchauffée.
Le président de session n’est autre que Robert Garbe.
La mise en construction d’une nouvelle locomotive était justifiée par le fait que les T12 de la région de Rügen et les T10 de la région de Mayence ne suffisaient plus à assurer le service.
Initialement envisagée comme machine 1’C2’, l’on optait rapidement pour une disposition symétrique des essieux. La chaudière serait reprise de la G8, la boîte à feu et le foyer dériveraient de ceux de la T10 mais agrandis. Des tiroirs de conception Hochwald étaient prévus.
Le seul membre du comité à émettre des doutes sur la disposition d’essieux retenue était M.Gutbrod, directeur des constructions des ateliers de Grunewald (devenus plus tard le fameux Raw Grunewald), qui opposait à cette disposition une mauvaise inscription en courbe serrée aux vitesses élevées. Il appuyait son argumentation par les nombreux déraillements observés sur les locomotives électriques des compagnies américaines New-York Central et New-Haven, qui avaient adopté la même disposition d’essieux.
En réponse, le conseiller Knechtel du KED Elberfeld proposait que l’on limitât la vitesse de la machine à 90 km/h au lieu des 100 km/h initialement prévus.
Dès la 65ème session du comité des locomotives, des 19 au 21 juin 1912, les résultats des premiers essais en marche de la locomotive prototype, qui avait entre-temps été classée comme T18, pouvaient être présentés par Hinrich Lübken, ancien ingénieur en chef des chemins de fer impériaux d’Alsace-Lorraine (EL) et tout nouveau successeur de Robert Garbe.
On peut noter que toutes les locomotives prussiennes conçues à partir de 1912 porteront la marque de Lübken.
La locomotive avait atteint les performances de la P8 sur les lignes les plus exigeantes et n’avait failli lors d’aucun essai. Le seul petit défaut enregistré fut l’apparition de vibrations au-delà de 60 km/h dont les causes relevaient d’une mauvaise répartition des masses entre l’avant et l’arrière de la machine. Le défaut sera corrigé sur les machines de série.
La machine prototype (Stettin 8401) fut testée sur la ligne de Grunewald à Mansfeld, au crochet d’un train de 456t. En comparaison avec la T10, la T18 tractait 6 essieux de plus pour une consommation de charbon réduite de 1,19 kg/km.
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La majorité des locomotives T18 furent construites par Vulcan à Stettin (aujourd’hui Szczecin en Pologne). A partir de 1922, la construction fut également assurée par les usines Henschel.
Les machines destinées aux chemins de fer de la Sarre proviendront quant-à-elles de Hanomag et de la Société Franco-Belge.
Les dix premières machines furent réceptionnées par la Direction (KED) de Stettin et mises en service sur les lignes de l’île de Rügen (Altefähr-Saßnitz) ; les neuf machines suivantes rejoignirent directement le KED de Mayence afin d’y remplacer les T10 sur les lignes de Wiesbaden à Francfort (M) et de Wiesbaden à Mayence.
Les machines de catégorie T18 ont représenté l’aboutissement ultime du développement des locomotives-tender pour le service de voyageurs en Prusse. Elles ont assuré à la DRG, puis à la DR comme à la DB, un service sans faille jusqu’au milieu des années 60.
Les vibrations constatées lors des essais avec la machine Stettin 8401 purent être en grande partie compensée, ce qui permit la mise en service voyageur rapide le la locomotive sur les lignes légères ou mi-lourdes comme la ligne de 135 km reliant Berlin à Stettin.
A partir de la locomotive 78 011, et ce malgré des roues motrices d’un relativement faible diamètre (1650 mm), la machine était rendue apte aux 100 km/h dans les deux sens.
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La locomotive était particulièrement bien adaptée au service de trains directs. Les plaques du cadre de 30 mm d’épaisseur étaient renforcées par des fixations en acier moulé au niveau des pivots des bogies. Entre la boîte à feu et la jonction du corps cylindrique à la boîte à fumée, le cadre portait les caisses à eau ; ce qui en renforçait d’autant la rigidité. De plus, la disposition des caisses à eau à hauteur des essieux accouplés, au centre de la machine, réduisait les conséquences de la formation d’un balourd lorsque les caisses se vidaient au cours du trajet.
Les premières machines furent encore livrées sans préchauffeur de l’eau d’alimentation. Elles furent équipées plus tard d’un préchauffeur de conception Vulcan (ainsi que de conception Knorr), disposé en travers sur le repose pieds devant la boîte à fumée.
Le cahier des charges final de la machine (1924) indique les performances suivantes : 350t à 90 km/h sur le plat ; 340t à 80 km/h en rampe de 3‰ et 315t à 60 km/h en rampe de 6‰.
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La T18 fut mise en construction jusqu’en 1927, ce qui signifie que la DRG poursuivit la construction de la machine. Parallèlement aux KPEV prussiens, les chemins de fer du Württemberg acquirent également des locomotives de catégorie T18. Les locomotives n° 3513 à 3532 livrées en 1919 par la firme Vulcan furent classées 1121 à 1140 aux chemins de fer du Württemberg. L’ensemble des machines livrées aux KPEV, au Württemberg et à la Sarre s’éleva à 534 exemplaires. Parallèlement, les TCCD (Chemins de fer Turcs) commandèrent quelques machines T18.
Aucune T18 ne fit l’objet d’une demande de réparation à l’issue du traité de Versailles. Cependant, à l’instigation de Hinrich Lübken, 27 locomotives T18 avaient été commandées entre 1915 et 1918 à la société Vulcan pour rejoindre les chemins de fer impériaux d’Alsace-Lorraine. Ces machines étaient en tous points identiques aux machines prussiennes. Présentes sur le territoire d’Alsace-Lorraine en 1918 lors de sa réintégration à la France, les machines furent réimmatriculées aux AL sous les numéros 8401 à 8427. Il ne s’agit donc pas à proprement parler de machines « armistice » car elles étaient sur le sol français et dans une compagnie française avant la signature du traité de Versailles.
Une machine, la 8419, fut radiée avant la création de la SNCF. Les 26 locomotives restantes formèrent en 1938 la série 1-232TC 401 à 427 (le numéro 419 restant vacant). Dernières 232T à être mises en service en France, elles étaient attachées aux dépôts Strasbourg, Haguenau, Sélestat, Colmar et Mulhouse île Napoléon. Elles ne quittèrent jamais la région alsacienne. La dernière fut radiée en 1966.
La DRG de son côté intégra en 1925 460 machines prussiennes comme série 780-5 sous les numéros 78 001 à 78 282 et 78 351 à 78 528. Les machines du Württemberg reçurent les numéros 78 146 à 78 165. Lors du plébiscite de la Sarre en 1935, les machines sarroises furent à leur tour intégrées à la DRG sous les numéros 78 283 à 78 328. (Il est à noter que les numéros les concernant avaient été laissés libres).
Il reste encore 508 locomotives T18 en 1945. La DB en récupère 424 et la DR 53. Le reste a soit été trop endommagé par la guerre, soit est resté en possession de compagnies des pays précédemment occupés.
Le DB compte encore 400 machines en service en 1962. Le seul dépôt de Hambourg Hbf en abrite 45. Six ans plus tard seulement, l’effectif total était réduit à 50 exemplaires !
Quelques T18 furent transformées pour fonctionner en réversibilité. Lors de la marche en pousse, le mécanicien se trouvait dans la cabine de la voiture pilote. Le régulateur était ouvert à distance à l’aide d’un servomoteur et fermé à l’aide d’un cylindre à air comprimé. Le chauffeur qui restait dans la cabine de la locomotive était en contact avec le mécanicien par téléphone.
Le dernier dépôt à accueillir des T18 à la DB fut le dépôt de Rottweil où la dernière machine, la BR 78 246, fut radiée en 1975. Elle est aujourd’hui exposée au musée des locomotives à vapeur allemandes de Neuenmarkt-Wirsberg.
La DR de son côté possédait encore environ 40 machines en 1968, réparties entre les dépôts de Cottbus, Seddin, Wustermark, Pasewalk, Jüterborg et Stralsund. La 78 425 fut acheminée à l’unité de recherche (VES) de Halle M pour servir de locomotive de freinage. Elle y fut équipée de freins à contre pression système Riggenbach, d’un injecteur plat Giesl et de pare-fumée Witte.
Lors de la mise en place de la numérotation électronique par la DR, 34 machines étaient encore prévues pour intégration. En 1972 cependant, seules demeuraient la 78 110 du dépôt de Pasewalk et la 78394 du dépôt de Wustermark.
Deux autres machines ont été préservées : la 78 510 par la DB aux ateliers de Witten et la 78 009 par la DR au musée des transports de Dresde.
Catégorie : 2’C2’h2
Distribution : Pt 37.17
Diamètre des roues motrices : 1650 mm
Vitesse maxi : 90 km/h (100 km/h à partir de la 78 010)
Fabricant : Vulcan, Stettin
Première mise en service : 1912
Tender : 4,5t de charbon
Nombre total construit : 561
Nombre intégré à la DRG : 525
Numérotation : 78 001 à 78 528 (numérotation non continue)
Dates de réforme : 1975
BR 78 477 (ex pr. T18)(Henschel 20175/1924)
La BR 78 en modèleDe nombreux constructeurs proposent la T18 en livrée DRG ou DB, DR ou des anciens états, aux échelles HO, N et Z. C’est sans doute l’un des modèles les plus reproduits.