Bonjour,
Dans ma fiche de poste, en plus du suivi du parrainage des engins moteurs, il y a les expositions de matériels. En général, ce sont des expos de taille bien moindre que celles organisées à Montparnasse. Par contre, elles sont plus fréquentes et rassemblent, occasionnellement des matériels neufs, mais surtout des matériels ayant fait l’objet de modifications ou d’adaptations suite à des évolutions techniques ou commerciales. Elles s’adressent donc à un public interne à l’Entreprise, sans toutefois être fermées aux visiteurs : en général des voyageurs de passage attirés par ces présentations. Il faut donc organiser le rassemblement des matériels désignés sur un site voisin du lieu d’exposition, veiller à son bon état de présentation et de propreté, s’assurer que la documentation et les animateurs seront présents tout au long de l’exposition, sans oublier le retour de tous ces matériels dans leurs établissements d’origine.
Des wagons présentés en gare de Paris St-Lazare.
Un fourgon MC76, transformé en « transport de chevaux » en gare de Paris-Vaugirard (me semble-t-il). En arrière plan, un H37 avec cloison caleuse des charges palettisées.
Et puis, il y a tout ce qui a attrait à l’événementiel. Bien évidemment le TGV en occupe une place privilégiée. Lorsque la Direction Générale a décidé de se positionner sur un événement, la Direction de la Communication s’appuie sur la Direction du Matériel pour la mise à disposition du matériel roulant et de son pavoisement. Les opérations sont nombreuses et il serait bien long de toutes les énumérer. Toutefois, je vous présente ci-dessous l’opération inaugurale de la liaison TGV Paris-Berne.
Premier essai sur un TGV en instance de départ à Paris-Lyon (photo hmc)
Deuxième essai sur une autre rame. Il semble que le photographe a également souhaité me mettre en scène (photo hmc)
La version définitive sur la rame inaugurale. Un ami suisse m’avait fait remarquer que j’avais largement surdimensionné la taille de la Suisse : je lui ai répondu que ce fut voulu pour l’équilibre du visuel et qu’au fond la Suisse était un « grand pays ».
Deux bureaux plus loin, il y avait un agent qui s’occupait de la fourniture de documentation (dessins et photos) aux particuliers et aux professionnels du modélisme. Ce n’est pas que je l’aie fait fuir, mais suite à sa démission (pour aller ouvrir un resto !) j’ai hérité du bébé, ce qui n’était pas pour me déplaire étant modéliste moi-même.
- en ce qui concerne les particuliers, la procédure était simple : il suffisait d’écrire à la SNCF (soit directement à notre service pour ceux qui savaient, soit à la SNCF un peu n’importe où, le courrier finit toujours par arriver chez nous !) et d’exprimer sa demande. Par retour, on communiquait au demandeur la liste des documents disponibles et nos tarifs. Puis, il passait commande, on constituait le paquet de documents, on expédiait le colis avec la facture à l’intérieur ; génial, simple, efficace. Sauf que, suite à de nombreux impayés, quand j’ai eu la charge de cette tâche, j’ai légèrement modifié la dernière phase : on reçoit le chèque puis la camelote est expédiée…
J’ai noté plusieurs profils de clients :
- celui qui veut tout, mais dès qu’il prend connaissance des tarifs, seul le diagramme A4 retient son attention.
- celui qui veut tout, paye et dont on n’entend plus parler.
- et celui qui un jour, frappe à la porte du bureau, se présente et vous dit : « bonjour, je vous avais commandé des plans, voici ce que j’en ai fait ». C’est comme ça que j’ai fait la connaissance des Mauduit (père et fils) lorsqu'ils ont présenté une 141 R au 1/32ème: elle était emballée dans des boites style "boites à godasses" et papier journal, un sacré écrin pour une magistrale reproduction, surement un des meilleurs modèles réduits de l’époque. Christian Mauduit m’avait dit "il y a 1956 rivets, facile c’est mon année de naissance !" (à l’époque, la 141 R était la machine la plus demandée, environ une trentaine de demandes annuelles, à tel point qu’on ne rageait même plus les calques dans les tiroirs). Dans un tout autre style, j’ai fait la connaissance de Michel Duterque : c’était un ingénieur chimiste qui pratiquait l’aéromodélisme radiocommandé et qui un jour a voulu s’essayer au chemin de fer également radiocommandé. Son objectif : une locomotive à vapeur vive au 1/20ème, il s’est inspiré des réalisations de Louis Gardes et de Raymond Passatutto, sauf qu’il a adapté une radiocommande à huit voies. Cet homme, d’une simplicité n’ayant d’égal que se gentillesse, avait appris à souder l’inox pour sa chaudière tubulaire, avait mis au point des pièces fuyantes à froid mais étanches à chaud (le régulateur en particulier) pour que les servomoteurs n’aient pas de trop grandes forces à vaincre. Bref, on pourrait écrire un ouvrage sur ce Monsieur, ce que d’autres ont peut-être déjà fait. Il m’avait invité chez lui, avec JP Quatresous pour nous présenter ses réalisations : il y avait là, outre la 232 U1, des voitures Pullman, des rapides Nord, une rame TAR et une CC 65500 en construction, le tout au 1/20ème!
Il y avait même une Jeep, mue par un moteur de moto, à l’échelle 1/3 pour ses petits-enfants…..
La 232 U1 de Michel Duterque : aussi divine que la vraie.
Et puis, il y avait les professionnels du modélisme ferroviaire. La liste de ceux auxquels j’ai (la SNCF a devrais-je dire) fourni de la documentation serait bien trop longue à lister : qu’ils fussent français ou étrangers, industriels, importateurs ou artisans, journalistes, renommés ou plus anonymes, tous ont été servis de la même manière, sans distinguo de leur statut. D’ailleurs, ceux qui ont quitté le métier ou qui sont encore en activité me témoignent encore leur reconnaissance et leur sympathie, voire leur amitié pour certains d’entre eux. Suivant l’expression, si quelqu’un dans la salle s’oppose à cette affirmation, qu’il le dise ! J’étais donc informé sur pratiquement tous les projets des uns et des autres : lorsqu’il y avait risque de doublonnage, je me contentais d’attirer l’attention sur le risque potentiel d’un conflit d’intérêts, sans jamais dévoiler le nom du concurrent potentiel. C’est peut-être aussi pour cela que tous m’en saurons gré. Il n’y a qu’une société qui ne venait pas chercher chez nous, c’est Jouef : à la grande époque Champagnole, ils préféraient passer par la Direction de la Communication ou la Direction Régionale de Dijon, les demandes aboutissant tout de même parfois chez nous. Plus tard, un passionné de modélisme a assuré l’interface entre Jouef et notre service, ce qui n’a été que bénéfique pour Jouef, me semble-t-il. Il est connu - et reconnu - dans le modélisme suivant un pseudo faisant référence à un bureau d’études.
De tous, je garde un souvenir indélébile, tel le comte Antonio Giansanti-Coluzzi qui venait me chercher en RR Silver Shaddow à la gare de Lausanne, Pascal Fang qui était "brouillon", les divers importateurs Lima et l’inimitable Paolo Bisazza, etc.
Cette photo a été réalisée par LVDR qui a publié un reportage sur mon activité : la mise en scène est évidente ! Dans l’environnement, il y un peu de tout qui caractérise mon job : les blasons, le modélisme et les maquettes, (à noter la motrice du TGV A avec des trappes de nez fluo pour la visibilité des rames : projet non retenu) et les dessins de présentation du matériel. Dans les meubles supérieurs, c’est un fonds iconographique d’une grande diversité. Plus bas, ce sont des tiroirs à dessins remplis d’originaux : nombreux sont ceux qui ont eu accès à cette documentation, moi le premier….
Il y en a un envers lequel je n’aurai jamais assez de mots pour traduire la qualité de nos relations, passées et encore présentes : c’est Urs Egger de Lemaco. Nos contacts professionnels se sont progressivement transformés en relations privilégiées et amicales. Cette 242 A 1 à l’échelle 0 : c’est le cadeau que Mr et Mme Egger m’ont offert pour mes 50 ans.
UTKR