un métier: cheminot
Posté: 09 Juil 2014, 22:05Bonjour à tous,
Sous l’impulsion de Rodolphe, j’ouvre ce sujet en espérant qu’il retiendra l’attention de nombreux lecteurs et qu’il les incitera à participer le plus largement. Je traiterai essentiellement du matériel roulant qui a été au cœur de mon métier durant plus de 35 ans. Cela fait 8 ans et demi que je suis pensionné (terme officiel pour « retraité »). Il n’empêche que certains événements auxquels j’ai participé sont encore bien présents dans ma mémoire sémantique, malgré ses inexorables déficits dus à l’âge. J’ai aimé la SNCF et les différents postes dans lesquels j’ai exercé et dont je vais, au fil des posts, vous faire part en narrant quelques récits et anecdotes de mes missions passées. A présent, je perçois SNCF comme une Entreprise qui a évolué, parfois en décalage avec les valeurs fondamentales qu’elle m’avait inculquées, mais tout ceci ne nous regarde que bien peu.
Certains sujets abordés auront déjà fait l’objet d’articles publiés dans « Voies Ferrées », mais comme tout le monde ne lit pas cette (excellente) revue, j’en reprendrai certains ici.
Après mes obligations militaires, je présente une candidature d’embauche avec mon petit bac technique F1 en poche. Je suis embauché en tant qu’attaché dessinateur stagiaire à la DETMT de la SNCF (Direction des Etudes de la Traction à Moteurs Thermiques) sise au 163 bis de l’avenue de Clichy à Paris 17ème. Je débute aux études des rames RTG dont la commande a été passée suite au succès des ETG. Mon tout premier dessin (avec le recul je pense que ce fut une épreuve-test) sera celui de la complexe gaine d’aspiration de la turbine auxiliaire Astazou. Mon dessin a été confié à un chaudronnier des ateliers SNCF du Mans qui a réalisé la pièce en tôle d’aluminium. Cette gaine a été montée dans la maquette du compartiment moteur. Pour les rames de série, elle a été produite en fibre de verre polyester.
La "maquette de Saclay". Ce caisson renferme les turbines Turmo III et Astazou IV. Tous les équipements environnementaux sont reproduits: le panneau "abat-son" devant le caisson de filtration, les entrées d'air pour la ventilation et l'échappement avec son imposant silencieux de forme trapézoïdale. Une fois les performances de ces éléments validées, ils seront redessinés pour s'intégrer à la structure de la motrice RTG.
Puis, notre Direction DETMT déménagera au 15 rue Traversière 75012 Paris en 1972 où sera constituée la (grande) Direction du Matériel, suite à une réforme des structures : nous serons un millier d’agents réunis au sein du Département Construction des Matériels Neufs. Là, je continuerai à œuvrer à la définition et à la mise au point des RTG.
une vue du bureau d'études dans lequel je bossais. Assis derrière le bureau en blouse bleue, c'est mon chef direct. Les autres discutent des aménagements intérieurs des remorque TGV.
Une motrice de la RTG 01. Les tampons ont été déposés, la traverse de tête carénée et une étrave avait été ajoutée sous la traverse de tête : tout ça pour essayer d'améliorer l'aérodynamique de la rame. J'avais aussi dessiné une tôle (visible à gauche) pour tenter d'améliorer le flux d'air en direction de l'écope d'aspiration. Cette tôle, façon pare-fumées d'une loco à vapeur n'a strictement rien apporté. Elle a rapidement été déposée. Devant, on voit une barre d'attelage utile pour manœuvrer la rame avec un locotracteur. La même barre, dont j'avais modifié le dessin en l'allongeant, sera utilisée pour la Z 7001. La rame est vue au dépôt de Villeneuve-Saint-Georges.
Toujours à propos d'écope d'aspiration d'air pour les turbines, il a été constaté que les RTG iraniennes écopaient "autant d'air que de sable" ! Nous avons donc réalisé un essai sans écopes : au fond, ça ne marchait pas plus mal ! L'essai est vu en gare de Paris-Saint-Lazare sur la TBDu 2066. Cette rame a circulé ainsi de longs mois en service commercial. Grâce a cet essai, les RTG françaises verront leurs écopes partiellement obturées, également pour limiter l'écopage de "cochonneries".
A+
UTKR
Sous l’impulsion de Rodolphe, j’ouvre ce sujet en espérant qu’il retiendra l’attention de nombreux lecteurs et qu’il les incitera à participer le plus largement. Je traiterai essentiellement du matériel roulant qui a été au cœur de mon métier durant plus de 35 ans. Cela fait 8 ans et demi que je suis pensionné (terme officiel pour « retraité »). Il n’empêche que certains événements auxquels j’ai participé sont encore bien présents dans ma mémoire sémantique, malgré ses inexorables déficits dus à l’âge. J’ai aimé la SNCF et les différents postes dans lesquels j’ai exercé et dont je vais, au fil des posts, vous faire part en narrant quelques récits et anecdotes de mes missions passées. A présent, je perçois SNCF comme une Entreprise qui a évolué, parfois en décalage avec les valeurs fondamentales qu’elle m’avait inculquées, mais tout ceci ne nous regarde que bien peu.
Certains sujets abordés auront déjà fait l’objet d’articles publiés dans « Voies Ferrées », mais comme tout le monde ne lit pas cette (excellente) revue, j’en reprendrai certains ici.
Après mes obligations militaires, je présente une candidature d’embauche avec mon petit bac technique F1 en poche. Je suis embauché en tant qu’attaché dessinateur stagiaire à la DETMT de la SNCF (Direction des Etudes de la Traction à Moteurs Thermiques) sise au 163 bis de l’avenue de Clichy à Paris 17ème. Je débute aux études des rames RTG dont la commande a été passée suite au succès des ETG. Mon tout premier dessin (avec le recul je pense que ce fut une épreuve-test) sera celui de la complexe gaine d’aspiration de la turbine auxiliaire Astazou. Mon dessin a été confié à un chaudronnier des ateliers SNCF du Mans qui a réalisé la pièce en tôle d’aluminium. Cette gaine a été montée dans la maquette du compartiment moteur. Pour les rames de série, elle a été produite en fibre de verre polyester.
La "maquette de Saclay". Ce caisson renferme les turbines Turmo III et Astazou IV. Tous les équipements environnementaux sont reproduits: le panneau "abat-son" devant le caisson de filtration, les entrées d'air pour la ventilation et l'échappement avec son imposant silencieux de forme trapézoïdale. Une fois les performances de ces éléments validées, ils seront redessinés pour s'intégrer à la structure de la motrice RTG.
Puis, notre Direction DETMT déménagera au 15 rue Traversière 75012 Paris en 1972 où sera constituée la (grande) Direction du Matériel, suite à une réforme des structures : nous serons un millier d’agents réunis au sein du Département Construction des Matériels Neufs. Là, je continuerai à œuvrer à la définition et à la mise au point des RTG.
une vue du bureau d'études dans lequel je bossais. Assis derrière le bureau en blouse bleue, c'est mon chef direct. Les autres discutent des aménagements intérieurs des remorque TGV.
Une motrice de la RTG 01. Les tampons ont été déposés, la traverse de tête carénée et une étrave avait été ajoutée sous la traverse de tête : tout ça pour essayer d'améliorer l'aérodynamique de la rame. J'avais aussi dessiné une tôle (visible à gauche) pour tenter d'améliorer le flux d'air en direction de l'écope d'aspiration. Cette tôle, façon pare-fumées d'une loco à vapeur n'a strictement rien apporté. Elle a rapidement été déposée. Devant, on voit une barre d'attelage utile pour manœuvrer la rame avec un locotracteur. La même barre, dont j'avais modifié le dessin en l'allongeant, sera utilisée pour la Z 7001. La rame est vue au dépôt de Villeneuve-Saint-Georges.
Toujours à propos d'écope d'aspiration d'air pour les turbines, il a été constaté que les RTG iraniennes écopaient "autant d'air que de sable" ! Nous avons donc réalisé un essai sans écopes : au fond, ça ne marchait pas plus mal ! L'essai est vu en gare de Paris-Saint-Lazare sur la TBDu 2066. Cette rame a circulé ainsi de longs mois en service commercial. Grâce a cet essai, les RTG françaises verront leurs écopes partiellement obturées, également pour limiter l'écopage de "cochonneries".
A+
UTKR
