La campagne d'AlsaceLa base de BischheimLa ligne de la plaine d’Alsace a été retenue pour les essais à grande vitesse d’une part pour la rectitude de son tracé et d’autre part pour son alimentation en 25 kV/50 Hz. Il n’est pas trop question d’abriter deux rames de 200 mètres de long et toute la logistique qui va avec dans le dépôt de Strasbourg. De plus, attendu que les ateliers du Matériel de Bischheim ont toujours assuré le suivi technique du TGV 001 et que cet établissement alsacien deviendra à terme l’atelier directeur des TGV, c’est là que la base d’essais a été installée. De même que la qualité du travail effectué à Bischheim est renommée, il est évident que son personnel a été motivé pour la venue du TGV en terre alsacienne : il est aux petits soins pour ces « français de l’intérieur ». Cette sensation de bien-vivre ensemble se retrouve également dans le personnel de conduite de Strasbourg (et de Villeneuve/Paris par la suite). Il est indéniable que ce facteur humain aura largement contribué à la réussite de cette campagne d’essais. En ce qui me concerne, j’y aurai appris et retenu quelques mots du dialecte local, appris et retenu les immenses valeurs de bon nombre de collègues.
La base proprement dite est constituée :
• d’une voie électrifiée sur pilotis installée dans une fosse donnant accès sur les cotés et sous la rame. La fosse mesure un peu plus de 200 m, évidemment. A chaque extrémité, il y a des passerelles donnant accès aux cabines de conduite et aux toitures des motrices. On trouve également des passerelles intermédiaires donnant accès aux remorques R1, R3, R6 et R8.
• de la voie d’essais de l’établissement, électrifiée pour la circonstance, longue d’environ 1,5 km, et qui permet de faire l’impasse avec la voie sur fosse.
• d’une plateforme extérieure comprenant 5 voies, dont deux de circulation, sur lesquelles sont garées les voitures de mesures et d’hébergement des différentes entités travaillant sur la base. Toutes les voitures sont raccordées en eau et en électricité. Pour les équipements sanitaires, il faut voir du coté des vestiaires de l’établissement. En ce qui concerne notre équipe, les quartiers sont installés dans un ex-restaurant bleu de la CIWL, le 3681. De sa gloire passée, il reste la cuisine désaffectée et passablement oxydée, la tonne d’eau en service, une salle à manger/cuisine équipée et 4 chambres individuelles dont la surface au sol de chacune est équivalente à celle d’un compartiment couchettes.
• les installations intérieures avec chariot transbordeur et vérins de levage si nécessaire.
• des bureaux affectés aux correspondants entre les services de l’établissement et les gens du TGV, aux agents de l’organisme d’études, aux représentants de l’entretien, aux rapporteurs et aux représentants du SAV.
Vue aérienne des ateliers de Bischheim :
Les flèches encadrent les emprises de l'établissement. L'entrée se fait côté Strasbourg, sous le pont routier. L'établissement s'étend sur environ 1500 m vers Haguenau. La voie sur fosse est électrifiée ainsi que toute la voie longeant la clôture côté Nord, celle qui mène au tiroir pour faire l'impasse et qui permet d'accueillir deux rames TGV.
La base de Bischheim :
A l'extrême gauche, se trouve la voie de débord électrifiée. Puis, la voie accueillant le train du personnel, formé de voitures "Romilly" et BB 67400, qui assure la desserte Bischheim ateliers/Strasbourg. Ceux résidant vers Haguenau empruntent le train commercial en gare de Bischheim.
La voie sur fosse est occupée par le TGV PSE 01 "Patrick". A noter l'installateur de la caméra de surveillance des pantos sur la toiture de la remorque R7. A droite, les voitures de mesures et leurs annexes des divisions d'essais : ces véhicules servent au dépouillement des enregistrements lors des marches d'essais et à l'hébergement de leurs personnels. Tout au fond, tapie dans l'ombre du bâtiment, on devine l'extrémité de la voiture restaurant 3681, transformée en dortoir/restaurant. C'est là-dedans que j'ai vécu durant une dizaine de mois….. Les voitures de cantonnement des personnels de maintenance ne sont pas encore arrivées sur site.
C'est le dernier jour de la campagne d'essais en Alsace. En ce début de moi de mai maussade, la BB 63000 et le wagon raccord ont acheminé "Patrick" sur la voie sur fosse. André Burguin fait grise mine, Albert Vial est tout sourire alors que Jean-Pierre Lutz semble décontracté.
A gauche, il y a "Sophie", prête à quitter l'Alsace pour rejoindre la région parisienne et entamer d'autres essais, mises au point et vérifications des performances dans sa future région d'affectation, le Sud-Est. Sur la voie sur fosse, "Patrick" est reculé par rapport aux passerelles de visite de toiture. Normal, on l'a placé pour que la R1 (voiture labo) soit sur un terreplein afin d'extraire tous les équipements et chaines de mesure.
Avec mon comparse Alain Bufkens, nous avions maquillé "Patrick". Il avait ainsi effectué le voyage de Bischheim à Villeneuve St Georges.
Le domaine d’essaisC’est donc en plaine d’Alsace, sur la ligne n°3 de la région Est que le domaine d’essai est établi. Il s’étend de Strasbourg-Ville au PK 0 jusqu’à Sélestat au PK 43,21. Puis, le parcours sera étendu jusqu’à Colmar au PK 65,81. C’est sur ce parcours que la BB 25236 a cavalé à plus de 220 km/h pour tester les prémices du pantographe à double développement et que la CC 21001 a atteint 285 km/h lors d’essais d’adhérence. Les marches d’essais se font en suivant des horaires précis car elles nécessitent une logistique importante, notamment le gardiennage de tous les PN (passages à niveau). De très rares circulations seront poursuivies jusqu’à Mulhouse-Ville au PK 108,31.
Sur ce domaine d’essais on a également installé des équipements à valider attendu qu’ils devront être appliqués à la future ligne à grande vitesse. On y trouve :
• au PK 26, une jonction voie 1 / voie 2 franchissable à 220 km/h.
• la voie 1 a été renouvelée avec des rails U80 contre des rails U50 (la voie 2 est encore équipée de rails U50 ce qui n’empêche pas de la parcourir à 260 km/h).
• une portion de ligne équipée en cab-signal avec implantation des fameux jalons jaune et bleu.
Et enfin, un dispositif de mesure du soulèvement de la caténaire au passage de la rame à grande vitesse.