par PK204
30 Déc 2015, 14:41
Bonjour
Un autre récit d'un retour de vacances à Souppes s/ Loing, chez mes grand-parents:
Détresse à Moret les Sablons (été 1959 ?) :
Descendu de la «Micheline» (probablement, un 150CV, "mobylette") comme nous surnommions tous les autorails, nous traversâmes le quai devant le BV de Moret-les-Sablons pour nous rendre «dans la modernité», c’est à dire le long de la voie 2, arrivant de Dijon et se dirigeant vers Paris : Ici, c’était le règne du 1500 volts.
Le 104 venait de s’arrêter mais bondé, il nous fallait aller vers la queue du train. Celui-ci était très long au point qu’arrivé au bout du quai, il aurait fallu descendre sur le ballast pour atteindre les dernières voitures: c’était peine perdue car toutes étaient pleines à craquer de vou-yageurs. Le chef de gare, après s’être époumoné à dire que le supplémentaire arrivait juste derrière fit faire une annonce.
Puis rapidement, il voulut donner le départ. Nous étions revenus au niveau du BV, pour attendre le train 10104, supplémentaire à venir. Le départ fut donné. La tête du mécano disparu de la fenêtre de la 2D2 9100 et les ventilateurs du rhéostat de démarrage grondèrent. Le train ne bougea pas alors que la locomotive semblait trembler : Elle patinait (ou, en jargon cheminot, elle "s’essuyait les pieds".)
Plusieurs tentatives eurent lieu. Déblocage des freins, léger recul. Arrêt, et redémarrage, l’aide conducteur descendit contrôler les sablières qui avaient déversé des tas de sable.. Rien ne fit. Le train était trop chargé à cause de la pente et la courbe serrée. Une agitation du personnel fut visible : le chef de gare allait et venait.
Un long moment passa et d’un coup, nous vîmes arriver au pas, une CC 7100 : elle vint très lentement devant la 2D2 9100 pour s’y atteler. Essai de frein ; le chef de gare redonna le départ. Les 2 machines unirent leurs puissances, soit environs plus de 8000 chevaux ! Quatre pantographes levés, elles réussirent à arracher le 104 et très très très lentement, le train s’élança : devant nous défilaient les innombrables voitures métalliques, probablement que des OCEM et peut-être des DEV AO : ce défilé fut interminable, jusqu’à voir le dernier élément avec ses lanternes rouges, franchir les aiguilles et travée de jonction double de la bifurcation du Bourbonnais.
Nous nous approchâmes de l’endroit où la 2D2 avait peiné : Sur chacun des deux rails, quatre marques en creux, avec des tas de sable de chaque côté marquaient l’endroit « maudit » de cette détresse. Mon père commenta : « Il faudra que les rails soient changés! » Un court instant après s’annonça le supplémentaire : en tête, une légère et petite BB 9400, attelée à une courte rame de voitures Bruhat (si mes souvenirs sont bons), avec très peu de gens dedans : grimpés dedans, nous nous installâmes sans problèmes et après un coup de sifflet bref, notre train démarra rapidement, sans difficulté.