Nous n'en avons pas encore tout à fait terminé avec les locomotives Gt car il nous reste à étudier les séries unifiées. Nous adopterons pour elles, comme précédemment, la présentation chronologique.
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5-2) Les locomotives Gt unifiées5-2-1) 1927 – BR 80Parmi les premières locomotives unifiées prévues par la DRG se trouvaient les locomotives-tender à usage de triage des séries 80 et 81, deux machines bicylindres à vapeur surchauffée à trois et quatre essieux accouplés (Ch2 et Dh2).
Leur mise en construction relevait entre autres de la création d'une nouvelle catégorie de locomotives de 17,5t par essieu, à mi-chemin entre les locomotives pour lignes locales de 15t et celles de 20t prévues pour les lignes principales. La raison en était que la plupart des voies des parcs de triage ne supportaient pas la charge de 20t par essieu.
La BR 80 fut donc classée comme Gt33.17 bien que sa charge par essieu définitive atteignît finalement 18,1t.
A première vue, la décision prise par la DRG de mettre en construction des locomotives unifiées pour le triage peut paraître surprenante à un moment où, comme nous venons de l’étudier, des milliers de machines de ce type provenant des anciens états, aux conceptions d’une variété étendue, venaient d’être intégrées au parc. Qui plus est, de nombreuses anciennes locomotives de ligne arrivées en fin de carrière pouvaient encore être déclassées et réaffectées au triage. Mais la variété et l’ancienneté de ce parc était justement à l’origine de la décision prise par la DRG qui souhaitait, par la mise en service de machines simples, économiques et de technologie semblable, réduire de manière significative les coûts des opérations de manœuvre.
Ces objectifs furent également cruciaux dans la décision prise d’opter pour des machines à vapeur surchauffée, car les essais menés par les KPEV avaient démontré que la surchauffe était également plus économique en service de triage que la motorisation à vapeur saturée. Ces conclusions seront pourtant une dernière fois remises en question en 1934 lors du développement parallèle de la série 89
0 dans les deux types de motorisation bien que les essais s’avéreront à nouveau favorables à la surchauffe. Mais ne brulons pas les étapes.
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39 locomotives BR 80 furent au total livrées en 1928 et 1939 par Hohenzollern, Union, Wolf et Jung. Elles étaient destinées en première affectation à effectuer du triage dans les grandes gares de voyageurs et devaient y remplacer les anciennes prussiennes T 3 devenues BR 89
70-75.
Au cours de la conception de la machine, tout fut mis en œuvre pour pouvoir installer la chaudière la plus puissante possible tout en respectant les objectifs de masse. A la place des roues de 1250 mm de diamètre originellement prévues, l’on installa finalement des roues de 1100 mm, privilégiant ainsi la puissance au détriment de la vitesse. L’on s’alignait ainsi sur les choix déjà opérés par de nombreuses compagnies européennes pour les machines de triage. Comme de plus la vitesse maximale souhaitée pour la BR 80 ne devait pas excéder 45 km/h, le diamètre de roues retenu convenait parfaitement.
Il était de même tout à fait possible de gagner en légèreté du côté des cylindres, des essieux et de l’entrainement. Des difficultés particulières s’étaient présentées concernant la suspension. Mais malgré le châssis surbaissé, l’on arriva à disposer les ressorts de suspension en dessous du niveau des essieux et a réduire ainsi l’usure des bandages de roues.
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Les machines furent testées et mises en service aux dépôts de Cologne et de Leipzig-Hbf. Le programme de mesures permit de tracter 900t à 45 km/h sur le plat, 175t à 45 km/h en rampe de 10 ‰ et 140t à 25 km/h en rampe de 25‰. Toutes les machines sauf une traversèrent la deuxième guerre mondiale.
Après 1945, 21 machines allèrent à la DR et 17 à la DB.
Toutes les locomotives de la DR restèrent en service à la gare centrale de Leipzig jusqu’en 1962-1963, après quoi elles furent remplacées par les nouvelle machines diesel de série V 75 (puis BR 107) importées de Tchécoslovaquie. Après leur radiation, de nombreuses BR 80 continuèrent leur carrière comme locomotives de service auprès des ateliers de réparation de la DR. Certaines y furent en service jusqu’en 1977. A l’occasion de la journée des cheminots de 1976, les BR 80 012 et 80 024 retrouvèrent leur livrée de la Reichsbahn et tractèrent un train spécial pour les amis du chemin de fer entre Dresde et Coswig. La BR 80 023 a été préservée par le musée des transports de Dresde.
Les 17 locomotives de la DB changèrent souvent d’affectation et furent hébergées entre autres par les dépôts de Dortmund et d’Ingolstadt. En 1962, seul le dépôt de Schweinfurt possédait encore des BR 80. Les trois dernières, les BR 80 005, 80 031 et 80 033, furent radiées en 1965. Quelques machines, les BR 80 013, 80 014, 80 030 et 80 036 à 039 furent vendues à des charbonnages et autres grandes industries. La BR 80 030 est aujourd’hui la propriété du musée Bochum-Dahlhausen de la DGEG (Société allemande de préservation des chemins de fer) ; la BR 80 036 est en ordre de marche sur une ligne musée à Apeldoorn (Pays-Bas)
Catégorie : Ch2
Distribution : Gt33.17
Diamètre des roues motrices : 1100 mm
Vitesse maxi : 45 km/h
Fabricant : DLV
Première mise en service : 1927
Tender : 2t de charbon
Nombre total construit : 39
Nombre intégré à la DRG : 39
Numérotation : 80 001 à 80 039
Dates de réforme : 1963
BR 80 018 (Hohenzollern 4570/1927)
La BR 80 en modèle:Bien que construite à seulement 39 exemplaires et, de ce fait, anecdotique à côté d'autres machines construites par milliers, la BR 80 a fait l'objet d'un nombre considérable de modèles à toutes les échelles et toutes les époques de son service. On la trouve aux échelles G, 1, 0, H0, N et Z, souvent en configuration "jouet" dans des coffrets de départ. Le soin apporté à sa reproduction n'a d'ailleurs jamais été particulièrement développé. La machine est sans doute victime de son statut de jouet.