Montluçon - Eygurande-Merlines, c'était ma ligne. J'y ai voyagé je ne sais combien de fois dans des autorails (X 2400, X 2800, ADX2, ABV), ou des voitures en 3° classe, puis 2° classe, puis 1ère classe (à portières latérales et sièges en bois, modernisées SO à sièges bois, OCEM à rivets apparents, OCEM faces lisses, ex PO, Bruhat, DEV,...) tractées par des 150A, 141TA, 141TB, 141B, 141E, 141F, 230G, enfin A1A A1A 68000 (sur Montluçon-Eygurande) et BB 66000 (sur Tulle-Ussel) à partir de 1969.
Montluçon : mes grands parents paternels (dans un village sur les hauteurs) et mon oncle (au dépôt) y résidaient et j'y ai été pensionnaire au lycée d'Etat jusqu'en 1969.
Ussel : la sœur de ma mère y tenait une épicerie à 200 m de la gare et j'y ai vu Raymond Poulidor gagner un grand prix cycliste devant Anquetil, Gimondi, et beaucoup d'autres (c'était l'un des critériums d'après-tour les mieux cotés dans les années 60).
Neuvic : c'était la résidence de mon grand-père maternel (à Sérandon, plus exactement)
Avec ces trois destinations familiales, Le Mont Dore, Riom-es-Montagnes (lieu de naissance de ma mère), Murat, Le Lioran, Aurillac, Mauriac, Salers et Bort les orgues étaient nos destinations favorites lors d'escapades estivales en trains de nuit (deux trains de nuit, quelques trains de début et de fin de journée et quelques heures sur place, à pique-niquer le plus souvent) depuis la résidence de mes parents sur la ligne Montluçon - Eygurande.
A l'époque nous n'avions pas de voiture et pas d'envie d'en avoir une !
J'ai terminé mes parcours ferroviaires auvergnats sur les lignes Montluçon - Lapeyrouse - Volvic - Clermont (ah Saint-Eloy les mines, Les fades, Les Ancizes, c'était vivant et industriel ...) les dimanche soir et Clermont - Laqueuille - Eygurande - Montluçon au retour les samedi après-midi en 1970, dans des autorails X 2400, X 2800, ADX2 et aussi un ABJ4 sur Montluçon - Moulins (pour aller passer l'oral du bac) et des EAD sur Clermont-Moulins
Très curieusement, je n'ai jamais emprunté de Picasso (sauf récemment pour visiter la LGV Rhin-Rhône), ni de panoramique (sauf l'an dernier pour viositer la ligne du Haut-Bugey avant son retour à l'exploitation par TGV) et surtout jamais de VH Iroquois, alors qu'ils étaient particulièrement nombreux à Montluçon, mais confinés aux liaisons navettes pour Commentry et aux dessertes pour Bourges et Vierzon (le samedi midi, 2x2 Iroquois encadrant une remorque s'y suivaient à distance de block).
Je devais attendre le passage du Bordeaux-Lyon (double RGP2, que je n'ai jamais emprunté) avant de monter dans mon autorail pour Auzances, ou dans sa remorque modernisée Sud-ouest.
C'est assez dire que vos photos me touchent au plus profond de ma mémoire et de ma jeunesse.
Tout cela je l'ai vécu, mais trop pauvre alors pour pouvoir le fixer sur la pellicule, trop jeune pour savoir que j'aimais ces ambiances et trop naïf pour savoir que cela ne durerait pas.
D'ailleurs, le mécanicien qu'on aperçoit aux manettes du 2305 pourrait très bien être mon oncle (ou l'un de ses copains) qui a conduit des 141TA et des 141E sur Montluçon-Eygurande avant de finir sa carrière de mécanicien de ligne sur les 241P (sur Paris ou Moret - Clermont) puis de diriger le dépôt de Montluçon. Tout cela entre 1950 et 1965 pendant que mon père dirigeait les gares de Reterre (ou je suis né), Auzances, Vallon, Saint-Amand, puis Montluçon avant de rejoindre le triage des Aubrais-Orléans en 1970.
Ici, en Août 1966, il s’apprête à donner le départ à l'express 2006 Le mont-Dore et Ussel-Paris en gare de Montluçon ; Cliché Henri Daudonnet publié dans "Trains du Centre France", de H Daudonnet et JP Mathiaud, éditions LVDR ; Magnifique ouvrage dont je recommande la lecture aux amateurs de ces belles 141TA, 141E, 141R, etc. et des autorails cités ici.
Pardon de m'être épanché sur ma jeunesse, mais il fallait que "ça sorte"...
Cordialement. JLS