Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Les photographies, les récits, tout ce qui concerne le chemin de fer ancien.

Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar tyrphon
20 Nov 2012, 10:28

2-3-9 Série 99571 - 99 5711 à 5714

Avec ces machines, nous découvrons une nouvelle compagnie, la Gera-Meuselwitz-Wuitzer Eisenbahn AG (GMWE).

GMWE_map.png
Source Wikipedia

Gera est une ville de l’est de la Thuringe, au sud de l’ancienne RDA. La GMWE était une ligne à voie métrique, ouverte en 1901, allant de Gera -Pforten à Wuitz-Mumsdorf. Elle était longue de 31 km. A Gera, les trains de marchandises empruntaient le réseau de tramways urbains pour rejoindre la gare principale. Elle était également relièe au réseau national à Wuitz-Mumsdorf. En dépit du nom de la compagnie, la ligne ne desservait pas la ville de Meuselwitz. Ce n’était pas non plus un „Kleinbahn“, mais un „Eisenbahn“, car la ligne franchissait des frontières d'états.
La principale utilité de cette ligne, surnommée la „Kohlebahn“, était le transport de lignite depuis les mines de la région de Meuselwitz jusqu’aux usines de Gera. Le chemin de fer transportait également du gravier, de l’argile et des briques... et assurait aussi le transport des voyageurs.
La partie sud de la ligne fut fermée en mai 1969, suite à une tempête, et le reste survécut jusqu’à la fin de l’année pour le transport de gravier jusqu’à une usine de quartz près de Mumsdorf.

Le matériel de la compagnie se composait à l’origine de 6 Mallet 020-020T, objet de ce chapitre.
La GMWE fit aussi construire en 1922 deux 040T (futures 99 5911 et 5912), dont nous parlerons plus loin.
Le parc fut renforcé en 1955 à par la 99 191 en provenance d’Eisfeld-Schönbrünn et en 1962 par la 99 183 en provenance des ex-Franzburger Kreisbahnen. Ces deux machines assurèrent la fin du service avec une des 040T.
La compagnie de tramways de Gera possédait pour sa part des locomotives électriques style „boite à sel“ pour l’acheminement dans la ville des wagons marchandises.

Voir des documents et de magnifiques photos du GMWE sur ce forum:
http://www.drehscheibe-foren.de/foren/r ... 17,3806914
.

Passons à l’histoire des Mallet 99 5711 à 5714.

Cinq locomotives Mallet 020-020T furent construites en 1900 et 1902 pour le GMWE par Borsig. Une sixième suivit en 1907, mais, dès 1914, la n°1 fut réquisitionnée par la Heeresfeldbahn et ne revint jamais. La n°5, pour sa part, disparut avant 1921 (selon Wikipedia, elle n’aurait jamais existé ???).
Une nouvelle n°1, semblable aux précédentes à quelques détails près, fut construite en 1921, toujours par Borsig.
La n°3 fut réformée en 1926.
Les machines restantes (n°s 2, 4, 6 et 1) devinrent les 99 5711 à 5714 en 1950.
La première fut retirée du service en 1965, les deux suivantes en 1966, et la dernière en 1968.

source: Drehscheibe Foren

99 5714.jpg
Modifié en dernier par tyrphon le 05 Déc 2012, 09:11, modifié 1 fois.
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar malletslm
21 Nov 2012, 00:04

Ces assez jolies machines (la 99-5714 tout au moins...) s'étaient vues affubler de sacrés "bigoudis" sur le toit de l'abri ! :shock:

Autre détail insolite, la grosse "traverse de tamponnement" supplémentaire en... bois :!: : signe de l'existence d'un tronçon VN/VM "à quatre files de rail" sur ce réseau ?

Merci pour le lien vers la galerie de photo sur le GMWE, qui est somptueuse ! :cool: : j'aime beaucoup, une fois n'est pas coutume, l'intéressant échantillonnage de voitures voyageurs qu'on y voit. On remarque aussi deux clichés de la 120-021T n° 99-6011 des c.f. du Harz, dont le livre aux ed. Schweers + Wall nous indique qu'elle a effectivement été envoyée sur le GMWE en 1959, où elle a été réformée dès 1961... :idea:
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar tyrphon
26 Nov 2012, 14:22

2-3-10 "Série" 99580

Cette "série" se compose en fait de deux couples de locomotives, qui n'ont en commun que d'être du type O2OT.
Détail amusant, les deux premières roulaient sur la plus petite ligne à voie étroite de la DR (1,2 km!), alors que les deux autres appartenaient au plus grand réseau métrique d'Allemagne!

2-3-10-1 99 5801 et 5802

Le Hafenbahn Halle était une ligne à industrielle à voie normale située à Halle (Saale), au sud du land actuel de Sachsen-Anhalt. Longue de 6 km, elle reliait la gare marchandises de Thuringe (Thüringer Gûterbahnhof) au port de Sophienhafen et avait été ouverte en 1895.
Une courte antenne à voie métrique, la Industriebahn Halle, lui fut adjointe la même année pour desservir plusieurs industries situées au sud de la ville.
La ligne à voie métrique s’embranchait sur la voie normale à une station d’échange située au croisement avec la Turmstrasse, et suivait cette rue vers le nord sur 1,2 km jusqu’à la Maschinenfabrik Halle. Au long de ce parcours, elle comportait 6 embranchements, lui permettant de desservir à peu près toutes les usines le long de la rue, pénétrant dans certains cas à l’intérieur des bâtiments. La ligne et ses embranchements comportaient des courbes à très faible rayon et son trafic se composait uniquement de wagons à voie normale sur trucks porteurs.
Les deux lignes furent absorbées en 1897 par la Halle-Hettstedter Eisenbahn Gesellshaft (HHE), puis intégrées à la DR en 1950.
En 1980, trois usines étaient encore desservies par la voie métrique, mais cette desserte fut supprimée en 1992, suite au changement politique.

industriebahn halle.gif

Source: Schmalspur zwischen Ostsee und Erzgebirge

Deux 020T furent construites en 1894 par Hagans à Erfurt pour assurer la desserte de cette ligne. Elles étaient les seules représentantes du type Lenz X. Numérotés 3x et 4x à la HHE, elles furent renumérotées 99 5801 et 5802 par la DR.
Compte tenu du type de service effectué, elles ne comportaient pas de tampon central sur leur traverse de choc, mais juste une biellette avec un œillet permettant la fixation d’une perche de traction de truck porteur.
La forme des caisses à eau laisse penser qu’elles ont été allongées au cours de la carrière des machines.
Elles furent réformées en 1966 et 1967 lorsque leurs chaudières rendirent l’âme et furent remplacées par deux locotracteurs diesel, d’abord du type LKM Ns 3, puis à partir de 1983 du type Kö II mis à voie métrique.


Source: http://www.drehscheibe-foren.de/foren/r ... 69,3280569

Photo Meyer
Source: Schmalspur zwischen Ostsee und Erzgebirge

Pour voir des images récentes de ce CF industriel:
http://www.boards-4you.de/wbb13/60/thre ... stid=40121
http://www.drehscheibe-foren.de/foren/r ... 3,page=all
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar tyrphon
03 Déc 2012, 22:59

2-3-10-2 99 5803 et 5804

Avec cette deuxième paire de 020T, nous quittons le plus petit réseau à voie métrique de RDA pour aborder le plus gros, celui du Harz.
Comme ce réseau, outre son importance, a la chance d’être toujours vivant, il a fait l’objet de nombreuses publications. Je recommande particulièrement "Die Fahrzeuge der Harzer Schmalspurbahnen" (Editions Schweers + Wall), dont je vais tirer l’essentiel de mes descriptions, en plus des sources habituelles.
La description du réseau étant un gros morceau, je vais d’abord présenter les deux machines objet de ce chapitre, afin d'en finir avec la "série" 99580. Le livre précité me permet d’étoffer leur histoire.

Ces deux machines étaient en fait trois à l’origine, construites en 1896 par Güstrow pour la construction de la Nordhausen-Wernigerode Eisenbahn (NWE). A la fin des travaux, elles furent incorporées au parc des la NWE sous les numéros NWE 1 à 3 et affectées aux manœuvres à Nordhausen et Wernigerode, ainsi qu’aux trains de travaux et comme locomotives de pousse pour les trains lourds sur l’antenne du Brocken.
Pour pallier la faible capacité de leurs réservoirs d’eau, elles étaient équipées d’un tuyau d’aspiration permettant de pomper de l’eau en chemin. Leurs cheminées étaient aussi munies à l’origine d’un réservoir pare-escarbilles, démonté dès 1900.
La locomotive NWE 2 fut réformée dans les années 30 à la suite d’une défaillance de chaudiére. Elle fut cédée dans cet état à la Wehrmacht en 1939 et disparut de la scène.
Les deux autres survécurent à la guerre et reprirent un service de ligne à partir de 1946.
En effet, le réseau adjacent de la Gernrode-Harzgerode Eisenbahn (GHE) avait été totalement démonté par l’armée soviétique, à l’exception de la branche Hasselfelde – Stiege - Eisfelder-Talmühle, dont l’exploitation avait été confiée à la NWE. La voie de cette branche était si faiblement armée (ou en un tel état) que seules de petites machines comme les n° 1 et 3 pouvaient y rouler. Ce service dura jusqu’au renforcement de la voie. La NWE 1 remorqua encore des trains de voyageurs en 1948-49 sur la courte section Nordhausen-Ilfeld isolé du reste du réseau suite à des inondations.
La NWE 3 fut envoyée pour sa part de 1947 à 1949 à Gernrode, pour participer à la reconstruction de la partie Est de la GHE. (bon, si vous ne visualisez pas bien, attendez mon prochain exposé sur les lignes du Harz).
Les deux machines furent réimmatriculées 99 5803 (NWE 3) et 99 5804 (NWE 1) par la DR.

99 5804.jpg
Collection Th. Krafft - Taschenbuch

La 99 5804 fut mise hors service en 1960 et découpée en 1966.
Fin 1961, la 99 5803 partit pour les ateliers de Görlitz pour y être équipée du frein à air comprimé. Elle fut ensuite envoyée en Saxe sur la ligne Reichenbach-Oberheinsdorf, où les curieuses Fairlie saxonnes 99 161 et 162 étaient à bout de souffle. Lors de son parcours d’essai en septembre 1962, il s’avéra que son empattement de 1,70m était trop grand pour les courbes de 15m de rayon des voies de chargement des trucks porteurs :gratte: , ce qui avait été superbement ignoré par les géniaux planificateurs de la DR ! :mrgreen:
Comme il n’y avait plus d’autre machine en état de marche depuis quelques jours, la fermeture de la ligne, prévue un an plus tard, était un fait acquis ! :mort:
La 99 5803 assura le démontage de cette ligne fin 1963, puis repartit pour Wernigerode, après un petit crochet par Halle.
Malgré une tentative des cheminots de Wernigerode pour conserver la plus ancienne locomotive du NWE, elle fut envoyée à Görlitz en 1964 et ferraillée en 1967.

99 5803.jpg
Collection R. Delie - Taschenbuch
On ne peut pas dire que le compresseur avait amélioré son esthétique... :siffle:

A défaut d’être préservée, elle (ou sa sœur) a eu les honneurs d’un timbre :

99 5804 timbre.jpg


La 99 5803 est reproduite en IIm par Modelleisenbahnzubehör Schoening :


http://ts.spur-ii.de/modelle.php?id=dam ... 9-5803.php

J'ai aussi vu qu'un modéliste habile avait converti la Stainz LGB en 99 5804.
http://www.buntbahn.de/modellbau/viewto ... sc&start=0
LGB a, pour sa part, réimmatriculé sa Stainz sans modification et sans vergogne.
Je n’ai pas trouvé trace de reproduction en HOm.
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar malletslm
04 Déc 2012, 01:09

Moi non plus ! ;)

Toujours aussi intéressant ! :cool: : bien que possédant le livre de Schweers + Wall, je ne m'étais jamais attaqué à la traduction de l'histoire de cette petite série de 020T...
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar tyrphon
08 Déc 2012, 20:49

Maintenant, un long intermède, pour présenter l'histoire et la géographie complexe des réseaux du Harz.
Plusieurs compagnies sont impliquées et leurs histoires sont liées, il me faut donc les présenter toutes ensemble.

Petite histoire des lignes à voie métrique du Harz

Le Harz est un massif montagneux situé au Centre-Nord de L’Allemagne. La pénétration des chemins de fer y a été difficile, non seulement à cause du terrain, mais aussi pour des raisons administratives. En effet, si ce massif était situé en territoire prussien, il comportait deux petites enclaves appartenant aux duchés de Brunswick et de Anhalt. Leur présence interdisait la construction de « Kleinbahnen » selon la loi prussienne, et imposaient la construction de véritables « Eisenbahnen ».

Herzogtum_Braunschweig & Anhalt1914.jpg


La première ligne à pénétrer le massif, par le Nord-Est, avait été la ligne Blankenburg-Tanne à voie normale, appartenant à la Halberstadt-Blankenburg Eisenbahn (HBE). Cette ligne avait dû recourir à la crémaillère, dont elle ne s’affranchit que plus tard grâce à des 151T qui servirent de prototypes à la série 95 de la DRG.

Le premier CF à voie métrique du Harz fut la Gernrode-Harzgerode Eisenbahn (GHE), amorcée en 1886 dans le Duché de Anhalt au départ de Gernrode pour desservir les mines de minerais métallifères d’Harzgerode, la fonderie de Silberhütte et les mines de Fluorite et de Quartz près de Strasberg.
Mägdesprung fut atteint en 1887 et Harzgerode en 1888. Le tracé de la ligne était difficile : passage d’un col entre Gernrode et Mägdesprung, puis remontée de la vallée de la Selke jusqu’à Alexisbad et nouvelle rampe pour Harzgerode. A partir d’Alexisbad, une longue antenne fut amorcée les l’Ouest, en remontant la vallée de la Selke, et desservant Silberhütte, Srassberg et Fluor (!). Cette partie du tracé devait donner bien plus tard au réseau son surnom de « Selketalbahn ».
Mais la GHE désirait s’affranchir de la dépendance exclusive des industries minière et pousser la ligne jusqu’à Hasselfelde, située dans l’enclave du Duché (province de Hanovre) de Brunswick. La frontière fut atteinte en 1890, à Güntersberge, point frontière avec le Duché de Brunswick, mais les démarches administratives ne permirent d’atteindre Stiege que fin 1891 et Hasselfelde en 1892. Le réseau avait alors une longueur de 43km.



La deuxième initiative fut prussienne. Il existait de vieux projets de ligne à voie normale (Halberstadt-) Wernigerode-Nordhausen (-Erfurt), traversant le Harz du Nord au Sud, mais la voie normale s’avérait inappropriée. Ce fut la Nordhausen-Wernigerode Eisenbahn (NWE), qui construisit cette ligne à voie métrique avec embranchement vers le sommet du Brocken, connue aussi sous le nom de « Harzquer- und Brockenbahn ». Outre la liaison entre les deux régions, la compagnie visait le trafic touristique naissant et, côté marchandises, l’exploitation du bois de la grande forêt du Harz ainsi que les installations de concassage.
La ligne principale et l’amorce de l’antenne du Brocken jusqu’à Schierke furent ouvertes en 1898. Le sommet du Brocken fut atteint l’année suivante, portant la longueur du réseau à 81km. Le réseau était intégralement construit en territoire prussien, à part 2 km autour de Sorge, où la ligne principale traversait l’ « Isthme » reliant les deux régions « brunswickiennes » de Braunlage et Blankenburg !
Une caractéristique marquante du tracé était la rampe continue de 1 :30, des alentours de Wernigerode jusqu’au sommet du Brocken. A partir de la bifurcation de Drei-Annen-Hohne, la ligne principale « jouait à saute mouton » sur les hauts plateaux, avant d’amorcer sa descente vers Nordhausen un peu avant Tiefenbahmühle, d’abord en rampe de 1:30 : puis plus doucement.
Contrairement au réseau de la GHE, la NWE avait été construite à grand gabarit, pour permettre le transport de wagons à voie normale sur trucks porteurs, mais en raison des fortes rampes, cette possibilité ne put être utilisée pendant longtemps que sur les tronçons terminaux aux alentours de Wernigerode et de Nordhausen (jusqu’à Ilfeld).


En parallèle avec l’initiative prussienne, une initiative « brunswickienne » vit le jour avec la connstruction de la Südharz Eisenbahn (SHE). Cette compagnie construisit en 1899 une ligne Sud-Nord de Walkenried à Braunlage, avec une antenne vers l’Est de Brunnenbachsmühle à Tanne, via l’ « isthme » de Sorge, où elle passait au-dessus de la ligne de la NWE. A Tanne, la SHE était en correspondance avec la ligne à voie normale de la HBE, établissant ainsi une liaison « intra-brunswickienne » avec Blankenburg.
Nous n’irons pas plus loin dans la description de ce réseau, qui joue un rôle mineur dans notre histoire. Disons simplement que les voies de la SHE furent reliées physiquement à celles de la NWE en 1913, achevant la construction d’un grand « empire » à voie métrique de près de 170 km dans le Harz.

En effet, quelques années plus tôt, en 1905, la GHE avait construit une ligne de 9km reliant Stiege à Eisfelder Talmühle, où elle se reliait à la NWE, en vue d’offrir d’autres débouchés à son réseau.

Notons aussi, pour être complets, que le réseau à voie normale de la HBE avait aussi poussé en 1907 une antenne vers Drei-Annen-Hohne, apparemment pour offrir une liaison touristique vers le Brocken.
Cette destination semblait très prisée. Elle donnait lieu, par exemple, à la mise en circulation de voitures directes de Braunlage au Brocken empruntant les voies de la SHE, puis de la NWE.

La première guerre mondiale vit la réquisition par l’armée d’un bon nombre des meilleures machines des trois compagnies.
Dans les années 20, la NWE développa des lignes d’autobus complétant son offre ferroviaire, puis introduisit en 1936 des services d’autorails rapides Nordhausen-Wernigerode avec un seul arrêt intermédiaire à Benneckenstein.
La GHE avait aussi introduit des services d’autobus de complément, mais avait dû fermer sa ligne Stiege – Eisfelder-Talmühle aux voyageurs dès 1924.

La deuxième guerre mondiale vint briser l’ « empire » à voie métrique du Harz.
La ligne de démarcation entre l’Est et l’Ouest sépara le plus gros du réseau SHE, situé dans le secteur britannique, des autres réseaux situés dans le secteur soviétique. Seul le tronçon Sorge-Tanne se retrouva à l’Est.
La GHE subit un sort radical. A l’exception de la ligne Hasselfelde - Stiege – Eisfelder-Talmühle, tout le réseau fut démonté en 1946 et partit pour l’URSS avec presque tout le matériel roulant !
La NWE reprit l’exploitation des lignes Eisfelder-Talmühle – Hasselfelde et Sorge –Tanne, ce dernier tronçon seulement pour les marchandises et jusqu’en 1958.

Il s’avéra cependant que le démontage de la GHE avait été trop précipité et, dès 1947, la partie rentable du réseau, de Gernrode à Harzgerode et Strassberg, fut reconstruite.
Le manque de locomotives était cependant criant, malgré quelques prêts de locomotives du réseau voisin alprès la reprise par la DR.
Ce ne fut qu’après livraison de machines neuves à l’ex-NWE, en 1956, qu’un nombre suffisant de machines put être transféré sur l’ex-GHE.

Côté Harzquer- und Brockenbahn, le renforcement du « rideau de fer » en 1961 entraîna la fermeture de la section Schierke-Brocken aux voyageurs en 1961. L’accès à Schierke et aux stations de Sorge et Elend (sur la ligne principale) furent interdits aux voyageurs non munis d’autorisations officielles. L’accès au Brocken était réservé aux transports militaires. La branche à voie normale de l'ex HBE desservant Drei-Annen-Hohne de fut fermée à la même époque. Les transports militaires disparurent en 1986.

En 1963-64, note plus positive : l’arrivée sur la Harzquerbahn de nouveaux wagons porteurs, en remplacement des anciens trucks porteurs, alliée à la puissance des 151T, permit d’étendre le transport de wagons à voie normale à tout le réseau.

Dans les années 70, les deux réseaux de la Harzquerbahn et de la Selketalbahn furent inclus dans la liste de la dizaine de lignes à conserver en raison de leur attrait touristique.

L’année 1983 vit un événement qui enthousiasma les amateurs, de plus en plus nombreux, de ces réseaux. Afin de rationaliser leur exploitation, il fut décidé de les réunifier en reconstruisant le tronçon Strassberg-Stiege. Cette réunification permettait aussi d’alimenter la nouvelle centrale thermique de Silberhütte par wagons porteurs depuis Nordhausen. Pour éviter un rebroussement à Stiege, une raquette digne d’un réseau modèle réduit y fut construite ! :D

La réunification de l’Allemagne permit en 1992 la réouverture de la ligne du Brocken. Cette réouverture intervint peu avant la cession du réseau par la nouvelle DB à la Harzer Schmalspurbahnen GmBH (HSB).

Enfin, récemment, deux extensions sont intervenues :
- En 2004, le réseau de tramways de Nordhausen a été relié à la ligne HSB, permettant à des tramways hybrides de continuer leur trajet jusqu’à Ilfeld.
- En 2006, la branche Quedlinburg-Gernrode, abandonnée par la DB, fut convertie à voie métrique, et le terminus de la HSB reporté à Quedlinburg.
Ah, si les responsables des destinées des CP pouvaient en prendre de la graine ! :mur:

Bien sûr, on ne rencontre plus guère de trains à vapeur sur l’ex-GHE, mais la Brockenbahn, la Harzquerbahn et la Selketalbahn sont toujours bien vivantes !

Bon, ce long exposé n'est pas terminé, il me reste à brosser un panorama du matériel moteur des réseaux du Harz, avant de reprendre la description de chaque type.
Modifié en dernier par tyrphon le 08 Déc 2012, 23:46, modifié 1 fois.
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar malletslm
08 Déc 2012, 22:37

Très intéressant prélude :applause: , qui a le mérite de consacrer quelques lignes au méconnu "SudHarz Eisenbahn" qui, comme son nom ne l'indique pas, se développait à... l'Ouest de ce remarquable ensemble à voie métrique.

Et j'y apprends des choses ! :yin : en particulier, que la voie normale était allée jusqu'à "Drei Annen Hohne", et jusqu'à une époque finalement assez récente : aujourd'hui, l'état des lieux ne le laisse pas vraiment deviner, du moins à première vue... :!:

Merci aussi pour la très belle carte :cool: ... sur laquelle ne manque que le récent prolongement de Gernrode à Quedlinburg, qui s'est substitué à la voie normale figurant sur le dessin.
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar tyrphon
08 Déc 2012, 23:37

Je m'étais mal exprimé. La branche de Drei-Annen Hohne a été fermée au début des années 60 et pas en 1986, comme mon texte pouvait le laisser croire.
Lorsque je me suis baladé dans la région en 1984 avec mon compagnon de voyages habituel, il y avait encore à Drei-Annen-Hohne le passage souterrain qui conduisait à l'ancien quai de la voie normale. Nous avons suivi le tracé de cette voie à pied jusqu'à l'ancienne bifurcation. Le tracé était très visible et transformé en chemin piétonnier. Nous avons pris la ligne électrique (à 50hz) du terminus de Königshütte à Blankenburg... où nous avons vu une magnifique 031T en tëte d'un train touristique qui faisait un tour des lignes fermées aux voyageurs de la région. Je dois avoir une vidéo sur cette randonnée. Quand je pense qu'un bon bout de cette ligne électrifiée est fermé à son tour! :(

La carte, c'est celle du livre de chez Schweers+Wall, colorisée par mes soins.
Modifié en dernier par tyrphon le 25 Fév 2015, 22:00, modifié 2 fois.
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar malletslm
09 Déc 2012, 00:53

Merci pour ces précisions ! :cool:

Le début des années 60 n'est finalement pas une époque si éloignée que cela, tout comme pour le Südharz-Eisenbahn qui, bien que situé du côté "RFA" (donc plus vite victime de la concurrence routière), aura bravement tenu jusqu'en 1963... :|
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Re: Voies métriques et étroites à la DRG, la DB et la DR

Messagepar tyrphon
27 Déc 2012, 23:08

Ce soir, je vais vous infliger un long pensum sur le matériel moteur du Harz. Accrochez-vous ou passez votre chemin! :diable:

Voici donc un panorama du matériel moteur des GHE et NWE et de leurs successeurs. Celui du SHE, étant nettement hors sujet, ne sera pas examiné.

GHE

Le parc moteur initial du GHE se composait de six 030T.
Elles furent rejointes en 1905 par trois 020-020T, suite à l’ouverture de la branche Stiege-Eisfelder-Talmühle.
En 1914, ce fut une 040T provenant du Ruhr-Lippe Eisenbahn qui vint renforcer le parc.
Mais cette même année, les trois Mallet furent réquisitionnées par le HFB (Heeresfeldbahn =CF militaires) et ne revinrent jamais.
En 1928 enfin, le GHE mit en service deux 050T (système Lüttermoller).
En 1933, enfin, ce fut un petit autorail qui fut mis en service, pour remédier au déclin du trafic voyageurs, mais par la suite, le GHE se tourna vers les autobus.
En 1946, non seulement le plus gros du réseau fut démonté, mais tout le matériel moteur partit vers l’URSS, à l’exception d’une 030T (future 99 5811) dont nous reparlerons, et de l’autorail.
Celui-ci, resté à Eisfelder-Talmühle, échappa à l’exil et fut repris par le NWE comme véhicule de service. Il existe toujours et assure des trains spéciaux sur les lignes du Harz.
Le GHE, partiellement reconstruit en 1947, se retrouvait avec une seule locomotive 030T (future 99 5811) :rhaaa: ! On ne sais trop comment fut assuré le trafic (essentiellement minier) jusqu’à la reprise de la DR. Ensuite, le parc moteur fut géré par le dépôt de Wernigerode, qui envoya des machines en renfort, mais là encore, on trouve peu de détails. Ce n’est qu’en 1956 que la situation allait s’éclaircir, avec l’envoi de machines du NWE libérées par l’arrivée des 151T LKM. Nous en reparlerons.

NWE

Les premières locomotives du NWE furent trois 030T utilisées pour la construction, déjà décrites (NWE 1 à 3, dont deux deviendront à la DR les 99 5803 et 5804).
Pour le service de ligne, ce furent onze Mallet 020-020T, numérotées de 11 à 21, qui furent construites de 1892 à 1901. Cinq d’entre elles, réquisitionnées par le HFB en 1914, ne revinrent jamais et une autre fut réformée entre deux guerres suite à un grave accident. Les cinq survivantes deviendraient les 99 5901 à 5905 à la DR.
En 1910 furent mises en service deux Mallet 030-030T,, numérotées 30 et 31 pour la ligne du Brocken, mais elles étaient trop agressives pour la voie de l’époque et, après un déraillement tragique, elles furent vendues à une compagnie bolivienne en 1921.
Pour remplacer partiellement les Mallet réquisitionnées, la NWE mit en service en 1915 deux 141T (41 et 42). Mais elles étaient également inadaptées au réseau. Après un court séjour aux HFB, elles furent vendues dés 1917 au Lübeck-Büchener Eisenbahn qui les convertit à voie normale, puis finirent leur vie sur d’autres réseaux.
En 1917, le réseau récupéra deux 030T construites en 1914 comme prototypes pour le HFB. Sous les numéros 6 et 7, elles furent affectées aux manœuvres et au trafic des trucks porteurs. Elles allaient devenir les 99 6101 et 6102 à la DR.
Après guerre le NWE, en manque cruel de machines de lignes utilisables, allait devoir emprunter par deux fois une 020-020T au SHE.
En 1920, à défaut de récupérer ses Mallet perdues, Le NWE récupéra une Mallet 020-020T construite en 1918 pour le HFB. Elle prit le numéro 41 laissé par une des 141T et allait devenir la 99 5906 à la DR.
En 1922, ce furent deux Mallet neuves, de type 120-021T qui furent mises en service sous les numéros 51 et 52. Ces puissantes locomotives, surnommées « Brockenloks », étaient les futures 99 6011 et 6012 de la DR.
En 1939 arriva enfin la dernière locomotive du NWE, une 131T qui reprenait le n°21 laissé par une Mallet. Il s’agissait du prototype d’une série de machines unifiées prévues pour renouveler le parc des trois compagnies du Harz. La guerre arrêta ce projet, mais la machine allait devenir la célèbre 99 6001.

Contrairement à son voisin malchanceux, le NWE échappa aux réquisitions des soviétiques mais, sous la DR, dut fournir (temporairement ?) du matériel roulant à l’ex-GHE.
En 1952-53, devant la pénurie, les deux 031T ex-Côte d’Or 99 5631 et 5632 (dont nous avons déjà parlé) furent remises en service et l’une d’elles, au moins, alla faire du service à Gernrode.
On y vit aussi (mais quand ?) les 030T et une 120-021T.

En 1954, enfin, arrivèrent les trois premières 151T neuves livrées par LKM, suivies en 1956 de 10 autres, et encore de quatre autres en 1973 en provenance d’Eisfeld. Avec leur « ancêtre » la 99 222, arrivée en 1966 d’Eisfeld, les 99 231 à 247 permirent l’envoi à Gernrode des 020-020T et de la 131T en 1954-56 .
Elles permirent aussi la réforme des 120-021T dont la tenue de voie et la disponibilité n’étaient pas fameuses.

N’oublions pas les deux 020T 99 5001 et 5201 (déjà vues) qui vinrent faire des manœuvres à partir de 1957, permettant la réforme des 021T et des « vieilles » 020T 99 5803 et 5804 avant de disparaître à leur tour à la fin des années 60. L'unique rescapée du parc du GHE, la 030T 99 5811, avait aussi disparu dans cette décennie.

Notons qu’à partir de la mise en service des 151T, le Harzquer-und Brockenbahn passa au frein à air comprimé, tandis que le « Selketalbahn » conservait le frein à vide.
La « réunification » (des deux réseaux) en 1984 marqua le début de la fin des 020-020T, non munies du frein à air comprimé, contrairement aux 030T et 131T qui en avaient été équipées.
Il en reste heureusement quatre (dont la HFB) dans le Harz pour des trains spéciaux. La 131T et les deux 030T assurent également des trains spéciaux. Le gros du trafic vapeur est bien entendu assuré par les dix 151T actuellement en service (dont la 99 222).

Et le parc Diesel et Autorails ?

Nous avons déjà parlé du petit autorail du GHE, aujourd’hui conservé pour des trains spéciaux.
Le NWE, pour sa part, dont le trafic était bien plus important, mit en service en 1936 et 1940 trois puissants autorails diesel-électriques B-B, dont la guerre et ses suites empêchèrent une bonne utilisation. Le T1 partit en 1961 pour le Spreewaldbahn, le T2 fut retiré du service en 1962 et le T3, transformé en engin de secours, fut rénové dans les années 90 et assure aujourd’hui des trains spéciaux.

La nouvelle compagnie exploitante (HSB), a pour sa part approvisionné quatre autorails d’occasion (dont deux sont actuellement en service), puis cinq autorails neufs, pour remplacer la traction vapeur sur les services les moins fréquentés. Trois tramways mixtes électrique - Diesel circulent également sur le réseau de tramways de Nordhausen et jusqu’à Ilfeld.

Le GHE et le NWE n’ont jamais possédé de locomotives ou locotracteurs Diesel.
Le premier engin de ce type dans le Harz était un gros engin à bielles LKM du type V30C prévu pour l’Indonésie, construit en 1966 et livré en 1970 au Harzquerbahn. Il fut suivi en 1983 par deux locotracteurs typeV10C LKM construits en 1964 et provenant du Spreewaldbahn, et enfin en 1984 et 1991 par trois locotracteurs type Kö II convertis à voie métrique. De tous ces locotracteurs, seul un des KöII reste actuellement en service.

Mais l’apport le plus important au parc Diesel fut la dizaine de BB type V100 (classe 110) converties en CC à voie métrique classe 199 en 1988-90 par la DR. La DR prévoyait la conversion d’une vingtaine d’autres machines, mais la chute du trafic marchandises, ainsi que la reconnaissance par le HSB de l’attrait touristique de la vapeur ont stoppé ces projets. Seules trois 119 restent en service sur les HSB.


HS : Quid des Mallet réquisitionnées par le Heeresfeldbahn ?
Bien que ce soit totalement hors sujet, je voudrais dire un petit mot des Mallet 020-020T "disparues" pendant la 1ère Guerre mondiale : trois du GHE, cinq du NWE, auxquelles il faut ajoutrer une du SHE. Et bien, elles allèrent toutes en France, et se retrouvèrent toutes après guerre, à l’exception de deux NWE, sur le réseau SE de la Meuse (Verdun-Montmédy-Commercy et/ou Verdun-Bar-le-Duc), en compagnie d’une 030-030T HFB dont nous avons déjà parlé.
Deux des GHE finirent ensuite leur carrière sur le réseau CFSNE du Soissonais.
Et dire qu’on ne peut trouver aucune photo de ces machines en service civil en France !


Bon, maintenant, on va pouvoir reprendre la description de chaque type de machine.
Modifié en dernier par tyrphon le 05 Jan 2013, 19:25, modifié 7 fois.
Jean-Pierre "Tyrphon" Dumont
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