L’année 1911 fut de fait une année clé dans le processus d’électrification des chemins de fer en Allemagne. Dès cette année, les compagnies de chemins de fer réunies au sein des comités techniques du VDEV (Verein Deutscher EisenbahnVerwaltung) avaient discuté de la demande émise par les chemins de fer impériaux d’Autriche d’unifier pour le trafic international le système d’électrification en courant alternatif monophasé. Ils proposaient de retenir la tension d’alimentation de 15 kV à la fréquence de 16 2/3 Hz.
Suite aux travaux préparatoires de MM. Gleichmann, Wittfeld et Stahl était proposée fin 1912 la « convention concernant la mise en oeuvre de la traction électrique » (Übereinkommen, betreffend die Ausführung elektrischer Zugförderung). Elle fut signée en janvier 1913 par les ministres compétents de Prusse, de Bavière et du Bade. (Il est intéressant de noter au passage que la Saxe et le Wurtemberg, tous deux acteurs importants du développement des chemins de fer en Allemagne, étaient totalement absents des débuts de l’électrification).
Ce document faisait notamment état de la décision de construire les caténaires à une hauteur de 6 m au dessus du rail et de les alimenter par une tension alternative monophasée moyenne de 15 kV à une fréquence secondaire égale au tiers de la fréquence principale de production, soit 50 :3 = 162/3 Hz.
Cette volonté visionnaire d’unification allait se traduire définitivement dans les faits lors de la fusion huit ans plus tard des anciennes compagnies royales au sein de la DRG.
Peu de temps après, les administrations d’Autriche, de Norvège, de Suède et de Suisse se joignaient à la convention. Ces pays ont ainsi constitué un réseau d’alimentation électrique en 15 kV 16 2/3 Hz d’environ 30.000 km.
Sur la ligne Dessau-Bitterfeld, les KPEV attendirent la fin de la période de garantie de la turbine de la centrale de Muldenstein pour élever la tension à 15 kV.
A côté de l’électrification des grandes lignes en Allemagne centrale et en Silésie, les KPEV entreprirent également, en liaison avec les travaux d’électrification des grandes lignes de la région de Berlin, d’électrifier le réseau de banlieue berlinois – le futur S-Bahn – en tenant compte de la réutilisation du parc de voitures existant. Les crédits furent approuvés en 1913. Les KPEV commandèrent à AEG trois trucks motorisés à deux essieux (EB 1 à EB 3) pour le service voyageurs omnibus, et à MSW dix locomotives EG 507 et suivantes pour les marchandises. Afin d’effectuer des comparaisons, ils commandèrent également à SSW quatre automotrices (A1) (1A) qui furent plus tard intégrées à la DRG comme ET 88.
Le déclenchement de la première guerre mondiale stoppa net les travaux. Ils ne reprirent qu’en 1919 par les lignes vers Bernau et Hermsdorf. Les trucks livrés jusqu'à août 1914 furent testés en même temps que deux locomotives D sur les lignes Dessau-Bitterfeld, Hirschberg-Königszelt et Niedersalzbrunn-Halbstadt. Le matériel répondant aux attentes, des trucks supplémentaires furent commandés à AEG et MSW.
Cependant un an plus tard, en 1920, la DRG nouvellement constituée décida de l’abandon de ce mode de traction au profit des véhicules à courant continu 750 V et prise de courant par rail transversal de type métro encore en usage actuellement. En effet, le parc des voitures censées être mises au crochet des trucks avait fondu du fait des destructions et de l’usure prématurée résultant de la guerre. Les trucks motorisés furent utilisés pour la construction des locomotives B’B’, future E 421-2 de la DRG, et les automotrices furent déplacées sur les lignes déjà électrifiées de Silésie.