7) La désignation par la disposition des essieuxL’une des autres caractéristiques principales utilisées pour distinguer les locomotives électriques l’une de l’autre était la disposition et la fonction des essieux. De ce point de vue, la classification mise en place par la DRG fut l’une des plus précises. Elle permettait en effet non seulement de connaître le nombre total d’essieux, mais aussi leur fonction, leur mode de fixation au châssis de la machine et leur type de motorisation, ce que n’indique pas, par exemple, la classification française.
Les chemins de fer allemands se sont référés depuis 1908 aux normes fixées par le VDEV (Verein Deutscher Eisenbahnverwaltungen), devenu en 1932 le VMEV (Verein Mitteleuropäischer Eisenbahnverwaltung). Ces normes ont été régulièrement mises à jour depuis.
Ces normes s’appliquent aussi bien aux locomotives qu’aux autorails, trucks et wagons motorisés. Elles n’ont fait à ce jour l’objet d’aucune unification internationale.
Les normes établies par le VDEV stipulaient ce qui suit :
Les essieux porteurs sont désignés par des chiffres arabes ; les essieux moteurs sont désignés par des lettres latines capitales.
Les essieux moteurs entrainés directement sont identifiées en ajoutant un « zéro minuscule » (o) après la lettre capitale. L’on distingue donc un agencement de deux essieux « B » d’un agencement « Bo ». Dans le premier cas, les deux essieux sont entrainés par un moteur unique ou par engrenages ; dans le second cas, chaque essieu est motorisé individuellement. Dans la classification allemande, donc, une BB n’est pas une BoBo et vice versa.
En détail, cela donne :
1 = un essieu porteur
2 = deux essieux porteurs
A = un essieu entrainé
B = deux essieux accouplés entrainés
Bo = deux essieux motorisés individuellement
Co = trois essieux motorisés individuellement
Lorsque des essieux ou des groupes d’essieux ne sont pas solidaires du châssis (autrement dit forment des bissels ou des bogies), leur désignation est suivie d’un « prime » (‘).
En détail, cela donne :
1’ = un essieu porteur non fixé au châssis = un bissel
2’ = deux essieux porteurs solidaires d’un truck non fixé au châssis = un bogie porteur
Bo’ = deux essieux motorisés indépendamment formant bogie
(1B) = un ensemble fixé au cadre composé d’un essieu porteur et de deux essieux accouplés entrainés.
En numérotation allemande donc, une BB n’est pas une BoBo et n’est pas non plus une Bo’Bo’ et vice versa. En désignation allemande, la BB 9004 SNCF détentrice du record de vitesse est une Bo’Bo’ ; Les 2D2 sont des 2’Do2’
Si une locomotive est composée de plusieurs unités motrices indépendantes (locomotive double ou triple), chaque unité est caractérisée comme décrit ci-dessus, l’ensemble des caractéristiques étant relié par un « + ». Toujours par analogie avec une machine française, les 1CC1 3701 à 10 de la Maurienne, au châssis unique, deviennent des1’CoCo1’ alors que les 1CC1 3801 à 10, composées de deux unités accouplées, deviennent des 1’Co + Co1’.
Les schémas suivants décrivent quelques cas de figure:
a) Locomotive présentant un essieu porteur à chaque extrémité et trois essieux à entrainement accouplé : désignation 1’C1’ – série E 32
b) Locomotive présentant quatre essieux moteurs à entrainement individuel et un essieu porteur formant bogie Krauss-Helmholtz à chaque extrémité : désignation 1’Do1’ – série E 18
c) Locomotive présentant quatre essieux motorisés indépendamment, groupés deux par deux et formant un truck avec un bissel porteur : désignation (1’Bo)(Bo1’) – série E 15
d) Locomotive présentant six essieux motorisés indépendamment groupés par trois sous forme de bogie : désignation Co’Co’ – série E 94
e) Locomotive présentant six essieux formant deux groupes de trois essieux accouplés montés en bogie : désignation C’C’ – série E 91
f) Locomotive articulée composée de deux unités indépendantes, chaque unité présentant trois essieux motorisés indépendamment et un essieu porteur sous forme de bissel : désignation 1’Co + Co1’ – série E 95