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OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotteurs

MessagePosté: 23 Aoû 2012, 13:33
par Beilhack
Salut à tous,

Attendu par bon nombre d'entre-nous, il est en kiosque depuis ce matin:

photo.JPG

Je l'ai très rapidement parcouru ce matin et vais le dévorer dans les semaines qui viennent. C'est un vrai régal pour les yeux... :coeur1: 8-)

Un très grand BRAVO aux différents auteurs de ce HS qui va faire date, tant par les écrits que par les clichés (nombreux inédits) qui sont présentés concernant cette série mythique!!! :applause: :cool:

@+
David

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 23 Aoû 2012, 17:02
par POMidi
Beau sommaire effectivement. :cool: :coeur1:

J'espère que par ailleurs ce n'est pas une ode à LS Models.

Pierre

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 23 Aoû 2012, 17:07
par Beilhack
Bonjour Pierre,

N'aies aucune inquiétude de ce côté... La seule trace LSM est un dessin 3D en 3ème de couverture d'une très prometteuse CC 6500 Maurienne à frotteurs!!! ;)

@+
David

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 23 Aoû 2012, 22:41
par POMidi
Superbes machines sur une rude ligne, cela est effectivement très très alléchant. :coeur1: :bave:

Je ne sais pas combien de temps ce genre de titre reste en kiosque car pas trop d'occasions de fréquenter les Relays d'aéroports ou de grandes gares dans les jours prochains.

Merci à toi de nous avoir signalé cette parution.

Pierre

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 24 Aoû 2012, 18:22
par bogie-wogie
:cool: :cool: :cool:
Merci pour l'info. Je fonce dès demain chez mon buraliste préféré...
J'espère qu'il l'aura reçu et que ce HS complètera mon volume Le Train Spécial #24...

bw

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 29 Aoû 2012, 21:51
par bogie-wogie
Je l'ai depuis quelques jours et j'ai commencé à le dévorer. A ceux qui hésiteraient encore mon seul conseil est de foncer l'acheter : c'est un excellent ouvrage, abondamment illustré par de magnifiques photos et de nombreux plans et schémas. Et surtout, pour l'amateur d'exploitation (que je suis), le texte est orienté avant tout sur la conduite des trains sur cette ligne particulièrement difficile. Un vrai régal ! :coeur1:

Il y a tout de même quelques inexactitudes, dont une (deux en fait, mais liées) qui m'a fait bondir. Elle concerne la note 23 en page 31 et concerne l'accident du 12 décembre 1917 près de St Michel-de-Maurienne. Il est notamment écrit : "Le mécanicien refuse de partir, mais il y est contraint par l'autorité militaire". C'est une légende totalement fausse : le mécanicien (Girard) n'a jamais refusé de partir, étant satisfait que le train était, selon les règlements applicables, suffisamment freiné. L'autorité militaire n'est à aucun moment intervenue.

Et en fin de note on lit encore : "Le bilan est estimé à 700 morts". Là aussi c'est faux puisque le nombre de morts est 425, pas un de plus. Divers articles d'époque (tous à l'étranger, en France toute information sur l'accident était censurée par les militaires) et repris dans diverses publications jusqu'à nos jours font état de "800 victimes", ce qui en fait recouvre les morts et les blessés (il y avait autour de 980 permissionnaires dans le train).

S'il y en a que cet accident intéresse, je peux fournir d'autres éléments... mais pas trop parce qu'un ami, natif de St Jean-de-Maurienne, est en train d'écrire un bouquin sur le sujet et je ne voudrais tout de même pas dévoiler certaines des révélations qu'il se propose de faire. En tout cas l'affaire est un véritable roman et si éplucher des tonnes de documents archivés pendant plus de 90 ans sous le sceau du secret militaire est fastidieux, c'est aussi un travail d'enquête passionnant. Et l'affaire (puisqu'il y a eu plusieurs jugements pour déterminer les responsabilités) est encore aujourd'hui un sujet très sensible dans la vallée de la Maurienne, notamment parmi les descendants des personnes impliquées.

Cette note 23 n'est bien sûr qu'un détail sans importance dans cet excellent ouvrage, mais je tenais malgré tout à corriger des erreurs sur lesquelles j'ai déjà passé pas mal de temps avec mon ami (et que nous avons du mal à voir se maintenir encore de nos jours).

bw

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 02 Sep 2012, 20:20
par 6563
Bonjour,

Merci de vos appréciations sur ce hors série, qui pour ma part représente un travail passionnant de plusieurs mois. Un projet au départ: partager la vie et l'environnement d'une série de locomotives exceptionnelles, les CC 6500, à travers ceux qui les ont conduites et aimées (et ils sont nombreux). Le hors série est le 3è de la série, après l'Artère Impériale et le Sud-Ouest.

Concernant l'accident de Saint-Jean de Maurienne, j'en ai parlé sur les conseils d'un de mes amis mécano retraité de Chambéry. J'ai consulté comme source le Blog de la 34è section FNSO cité par Wikipédia, qui reprend un article paru dans Historia n°311 d'octobre 1972, la source étant citée et mentionnée.
Sur le nombre de morts, il semble bien que l'on ait dénombré 424 corps identifiés, mais il y aurait 135 corps non identifiés. De plus des blessés sont morts pas la suite portant le total à 675.
Concernant l'ordre de partir, le blog en question mentionne le fait que le mécanicien Girard aurait été menacé de représailles par le Capitaine Fayolle. Voici le texte consulté:

Près de la locomotive panachée de vapeur, un petit groupe d’hommes gesticule ; des soldats s’agglomèrent ; la patrouille, inquiète, se rapproche. Du haut de la machine, le conducteur élève la voix : « Je suis responsable du convoi… je ne partirai qu’avec une motrice derrière moi. Ce sont des wagons italiens. Déjà l’autre mécano m’a signalé que les freins sont bricolés. Je connais la ligne, je ne pars pas… ». L’homme qui parle ainsi, c’est l’adjudant Girard, le mécanicien du train. La main sur la poignée de bronze de l’admission, il tient tête au chef de quai, au gendarme, à la patrouille. Décontenancé, un jeune lieutenant tente de négocier, de persuader. Il évoque la consigne, la locomotive promise est réservée à un convoi d’artillerie. Il n’est qu’un exécutant, c’est la guerre.

De loin, aux portières, les Poilus rigolent : « Pour sûr qu’on est bien en France. Ca discute les ordres ! ». Alerté, le commandant de la gare sort du buffet en rajustant sa pelisse de fourrure. Il ne veut pas d’incident. Mille hommes qui reviennent du front après être passés par les estaminets, il a peur. Mille hommes entassés dans un train immobile, rapidement cela mijote, et la pagaille, en 1917, a pour nom : mutinerie.

Voyant arriver le capitaine Fayolle, commandant du trafic, Girard espère enfin obtenir sa motrice de queue. Mais Fayolle ne veut pas perdre la face, il veut un exemple… « Girard, c’est un ordre » hurle t-il. « Vous démarrez tout de suite, ou c’est la forteresse ! Compris ? Je vous note ». D’un geste las, Girard lance sa machine, la vapeur fuse. Un instant les roues patinent, le chauffeur sable à mort. Crachant noir, le convoi s’ébranle. « C’est de la folie, marmonne le mécanicien, de la folie… Neuf cents tonnes sur le cul, quelle connerie la guerre… ». Il est 23h15.


Ceci étant, sur ce sujet mon propos n'est pas un travail d'historien, et si l'étude de votre ami parait cela rétablira la vérité à travers ses recherches.

Et de toute façon merci de cette remarque, si elle contribue à mieux nous éclairer, c'est tant mieux! Il serait bon de corriger le texte de Wikipédia. Peut-être votre ami peut-il s'y coller.

Jean-Luc Bobier

Re: OBJECTIF RAIL: la Maurienne entre pantographes et frotte

MessagePosté: 03 Sep 2012, 00:10
par bogie-wogie
Merci à vous pour vos récits de parcours particulièrement intéressants racontés avec tant de minutie dans cet ouvrage. Un vrai régal !

Concernant l'accident du train de permissionnaires ML (marche spéciale 3874) du 12 décembre 1917, si le sujet vous intéresse je peux sans problème vous communiquer (par mp) le nom et l'adresse de mon ami qui pourra vous donner tous les détails car il a étudié le dossier à fond, non pas à partir des articles de presse ou de revues historiques, même sérieuses (qu'il a bien sûr également consultées) mais à partir de l'ensemble des documents officiels concernant aussi bien les enquêtes militaires que techniques et les jugements rendus ultérieurement. Ce que je peux dire c'est que suite aux différentes enquêtes il y a eu 6 inculpés : Léon Buffard, chef de gare de Modane ; Henri Cernesson, chef de service ce jour-là ; Paul Bourgeois, inspecteur principal d'exploitation à Chambéry ; Louis Vallier, commis principal à l'Inspection principale à Chambéry ; Jacques Perrin, inspecteur chargé de la surveillance des trains, lui aussi à Chambéry ; et Louis Girard, mécanicien de la locomotive. C'est dire la complexité du dossier ! Et ils ont tous les six été relaxés, le coupable ou plutôt "les coupables" étant les 22 textes réglementaires (articles du règlment général, circulaires, ordres de services, notes, etc.) d'application pour ce train particulier et se contredisant les uns les autres au point que finalement plus personne ne savait vraiment comment ce train devait être freiné. J'ai d'ailleurs la liste intégrale de tous ces textes, le dernier, une Note Circulaire de Lodiot (chef de bureau de l'inspection principale à Chambéry) étant arrivée à Modane après le départ du train.

En ce qui concerne l'altercation entre Girard et un officier, mon ami est catégorique : elle n'a jamais eu lieu et n'est que pure légende. Aucun témoin ne rapporte un quelconque refus de la part de Girard à prendre le départ, et pour sa seule défense celui-ci se contentera plus tard d'affirmer que seul l'essai de freins sur les trois premières voitures avait été effectué, pas sur l'ensemble de la rame. Ce qui sera contredit par de nombreux témoins dont Cernesson (le chef de service à Modane) ainsi que les serre-freins (aussi appelés "wagonniers" dans les rapports) et même l'aiguilleur du Poste 1 de Modane, un certain Delaison. En outre les freins ne pouvaient pas avoir été "bricolés" : ils avaient été contrôlés et seuls deux étaient défectueux dont un sur un véhicule non freiné, donc sans importance. De toute façon le texte que vous citez est assez fantaisiste sur un autre point : la charge du train. 900 tonnes :rhaaa: Le convoi faisait 533 tonnes sans la loco, moins de 650 tonnes avec loco et tender pleins. Ce sont les valeurs officielles et celles qu'avait Girard sur sa feuille de route. Il ne peut donc certainement pas avoir dit : "neuf cent tonnes sur le cul..."

Le pire, dans cette lamentable histoire (parce que quand on examine les détails on s'aperçoit qu'elle est effectivement lamentable) c'est que la grande majorité des voitures (12 sur 15 plus 2 fourgons) étaient modernes, récentes et équipées du frein automatique continu. Mais elles étaient de construction italienne : on ne pouvait donc pas leur faire confiance ! et donc seuls les trois premiers véhicules étaient freinés par la conduite, neutralisée sur le reste de la rame ! Et les serre-freins, s'ils étaient en nombre suffisants (il y en avait 7 alors que règlementairement 6 auraient suffi) ils étaient pour la plupart néophytes et ne connaissaient pas la ligne...

Enfin, en ce qui concerne le nombre de victimes, morts et blessés, mon ami (toujours lui !) a fait une enquête minutieuse et approfondie dans les archives de tous les hôpitaux de la région, de l'hôpital militaire de Modane à celui de St jean-de-Maurienne et jusqu'à celui de Chambéry. C'est en recoupant toutes les données rassemblées dans les rapports officiels avec ces archives et celles de la mairie de St Michel-de-Maurienne qu'il est arrivé au total de 425 morts.

Une dernière remarque pour terminer : il ne faut pas oublier qu'au moment de l'accident la ligne côté italien, c'est-à-dire en fait à partir de Modane, était déjà électrifiée (en triphasé) et parcourue par du matériel ultramoderne pour l'époque.

bw