Ce jour-là , j'ai eu envie de me promener.
Je savais qu'il y a un vieil autorail tout rouillé qui stationne en gare d'Aspach , le long de la voie du train touristique de la Doller. Je l'ai vu souvent , en passant sur les énormes ralentisseurs situés juste avant le PN.
Il sont si violents qu'il est impossible de les passer autrement qu'au pas , alors ça laisse forcément du temps pour regarder autour.
Mercredi dernier , je monte dans mon Picasso , avec mon APN en bandoulière , et je me gare sur le petit parking à côté de la gare. A peine le moteur coupé , je me laisse emporter par une grande nostalgie.
Il y a des décennies devaient transiter ici personnes et marchandises , dans ce qui fut autrefois une petite gare.
Mais c'est toujours une gare , et elle semble habitée. Un chien aboie , d'ailleurs , se demandant certainement qui est cet extra-terrestre qui vient se promener ici où il n'y a rien à voir.
Mais en ouvrant les yeux , il y a plein de choses intéressantes à voir...
J'aurais bien aimé connaitre les facades de cette petite gare , telle qu'elles étaient à l'origine , avant d'être recouvertes par ces affreuses plaques de tôles corrodées. Nous sommes côté rue.
J'avance un peu plus et ...mais oui , c'est bien une halle , accolée. Elle semble d'origine bien qu'en mauvais état. Il me semble entendre le bruit d'une roue de charrette qui devait amener je ne sais quels sacs de céréales ou autres choses , tirée par un ou plusieurs boeufs fumants
A peine plus loin , des épaves stationnent sur une voie venant de je ne sais où et allant nulle part.Banques d'organes , peut-être , du train touristique....Sur l'essieu du dernier wagon apparaissent les lettres EST , mais c'est dommage , le Gilou a mal pris la photo.
Mon coeur bat la chamade , car je sais que derrière moi se trouve l'autorail....C'est bête à dire , mais j'ai presque peur de me retourner...Peur d'un interdit que je ne saurais expliquer , peur peut-être de découvrir
des choses , des traces....
Mais je suis venu pour lui , depuis le temps que je veux le voir de près , constater par moi-même qu'il n'y a vraiment plus rien à faire pour lui , exorciser en quelque sorte cette imagination qui me gagne chaque fois que je passe en voiture.
Je m'approche de lui , il est là , majestueux , et ressemble plutôt à une momie . Combien d'années a-t-il circulé ? où ? Il a du en transporter des gens , et ses sièges dépravés en auraient des histoires à nous raconter...
Le poste de pilotage n'existe plus , il n'en reste rien , tout ce qui pouvait être récupéré l'a été. Je me demande même si cet autorail n'a pas brulé....Je monte sur ce qu'il reste d'un marche-pieds , non sans avoir vérifié que la main-montoire supportera la traction de mes 95 kilos. Triste constat , il n'y a vraiment plus rien....C'est triste à pleurer. Ne vaut-il pas mieux finir ferraillé ?
Je reprends ma marche et me trouve maintenant côté voie , où les voyageurs devaient attendre l'omnibus.Ici , point de facades recouvertes d'affreuses tôles , comme à l'opposé.
Tient , encore un témoin d'un passé révolu....
Quelques mètres encore et voilà le plan du train touristique , brièvement fixé sur la porte en bois d'un petit bâtiment .
Je pense qu'il s'agit de la salle d'attente
J'ai fini mon tour , j'aperçois mon Picasso
Il a besoin d'un sérieux nettoyage , ça me changera les idées....
ça fait mal au coeur cet abandon.
