Vapeurs en banlieue Nord entre 1958 et 1968.
Habitant à l’époque à Epinay sur Seine, lorsque nous devions nous rendre à Paris, nous avions quatre possibilités, par la gare d’Enghien les Bains, par la gare d’Epinay sur Seine, par la gare d’Argenteuil, ou par bus RATP vers le carrefour Pleyel ou la porte de Clignancourt (lignes 138, 154 et 254).
Nous utilisons plus fréquemment la solution par Enghien. Les 141 TC régnaient alors sans partage en tête des rames banlieues Nord. Ces machines fumantes, crachantes et bruyantes m’inquiétaient, et je m’éloignais le plus possible de la bordure du quai lorsqu’elles passaient à ma hauteur, j’avais alors 8 / 10 ans. Par la suite, mes craintes des machines à vapeur (à faire peur disait un copain) ont disparu.
A Paris-Nord, nous arrivions alors sous la halle de la gare principale. Dans la gare dite annexe, j'observais des machines, que je trouvais plus élégantes, les 242 TA de la banlieue de Mitry.
Lors du parcours, aux environs d'Epinay Villetaneuse, il m’arrivait d’avoir la chance de croiser une 230 D en pleine action en tête d’une rame Talbot (OCEM) pour le Tréport. Quel spectacle que cette petite machine véloce crachant de la vapeur à pleine cheminée. Sur les grandes lignes, la vapeur avait déjà disparu.
A St Denis, nous retrouvions les voies électrifiés, les BB 16000 sur les GL, parfois la CC 10002, puis plus tard les 40100 et les BB 16500 sur les banlieues.
A niveau du dépôt de la Chapelle, le point d'arrêt « Pont-Marcadet » existait encore. Il était notamment desservi par les trains de la ligne d'Ermont par St Ouen les Dock. Cette ligne desservait également une halte perdue au milieu des voies et sauts de mouton de l'avant gare de Paris, la « Plaine Tramway ». Elle desservait surtout le dépôt de la Plaine. Elle était située sur une courbe très serré permettant à la ligne de passer en angle droit sous toutes les voies principales. Au niveau de cette station, il y avait une épave rouillée de Bugatti qui servait d'entrainement aux équipes incendie de la SNCF. Aujourd'hui, la ligne du RER D vers Paris, passe à cet endroit.
Par la suite, j’ai beaucoup utilisé cette ligne au départ de la gare d’Epinay sur Seine pour aller à l’école, je descendais alors à la halte de « St Ouen les Dock ». Par rapport à la ligne d’Enghien, cette ligne était lente, et les trains peu fréquents. Aujourd'hui c'est une branche du RER C.
A St Ouen les Dock, j’ai eu l’occasion d’observer lors de travaux, une manœuvre pour circuler à contrevoie. Le train arrivait en sens normal de Paris, s’arrêtait à quai, les voyageurs descendaient ou montaient, puis le train avançait sur quelques dizaine de mètres pour dégager la communication V1/V2, refoulait sur la voie 2 en empruntant cette communication, puis il repartait à contre-voie. A Gennevilliers, peut-être, la sortie était directe, sans avoir besoin de manœuvrer.
Au début, nous voyagions en 2ème classe, sur les banquettes en contreplaqué préformé des voitures banlieues Nord, par la suite nous avons eu droit à la première classe et aux banquettes en moleskine rouge. L’hiver, le chauffage vapeur avait tendance à surchauffer les voitures et les sièges. Quelques fois, les rames comportaient un élément de voitures articulées caractéristiques par la forme plus arrondis des caisses. Sans raison particulière, j’évitais de monter dans ces voitures bizarres .
Lorsque nous devions passer par Argenteuil, nous privilégions les trains directs à vapeur emmenés par les 141 TD Etat et composés généralement de voitures à étages Etat, et plus rarement de voitures Talbot. Nous évitions les omnibus origines Argenteuil pour Paris. Les rames Standard me faisaient trop penser au métro. A Argenteuil, je retrouvais les 141 TC Nord de la liaison navette Ermont-Argenteuil que je n’ai jamais utilisé.
Pour attendre la gare d’Argenteuil, nous devions prendre un car qui nous déposait avant le passage à niveau sur la GC, c’était l’occasion de voir et entendre les CC 64000. Aux heures de pointes du soir, ce PN restait fermé parfois longtemps pour cause de trains croiseurs ce qui conduisait les voyageurs pressés de prendre leur car à commettre des imprudences.
Le Lycée que je fréquentais à Epinay sur Seine était situé en bordure de la voie ferrée, et de la fenêtre de certaines classes, on avait une vue sur les voies. Je me rappelle y avoir vu plusieurs fois un locomoteur 030 DB (C 50100) ex DR type V36. On entendait aussi très bien, sans les voir, les CC 64000 sur la GC et quand, rarement, ce n'était pas une CC 64000, on entendait bien la différence : BB 66000 ou parfois une 141 R.
En 1969, nous avons déménagé en banlieue Est, le début d’une autre histoire… à suivre