MTFLS a écrit:Il existe des montres à gousset, ou régulateurs, gradués en 24 heures. l'aiguille des heures fait un tour en 24 heures au lieu de 12,le mouvement de l'aiguille des minutes est normal.
Bonjour MTFLS,
Très intéressante montre qui témoigne bien des questions qui ont pu se poser lors du passage de la journée comptée en 2 fois 12 heures à celle comptée de façon continue de 0 à 24h.
Car même si cela avait déjà été adopté par la conférence de Washington en 1884 (International Meridian Conference) dans sa cinquième résolution, c’est depuis la loi du 9 mars 1911 qu'en France l’heure légale est comptée d’une façon continue de 0h à 24h à partir de minuit et non plus en distinguant les heures du matin et les heures du soir, comme c’était l’usage jusque-là. Les indicateurs horaires des compagnies françaises de chemin de fer adoptent ce nouveau système de numération à partir du service d’été de l’année 1912.
Voici un extrait d'un indicateur horaire datant de 1899, soit avant 1912, avec indications matin et soir.
A ce propos, en juillet 1912 justement, la Revue Chronométrique (Journal de l’horlogerie française) publie une chronique très amusante signée Léopold Reverchon : « Le cadran de 24 heures ».
En voici un extrait (vous trouverez l’article complet téléchargé depuis Gallica en pdf en fichier joint) :
« Donc, les indicateurs de chemins de fer qui, jusqu’à ce jour, furent aussi obscurs qu’une cave sans soupirail, vont être irradiés d’une lumière blanche, pure, éblouissante comme celle de Phoibos-Apollon lui-même. Et quant aux heures de départ, les voyageurs n’auront qu’à lever le nez vers les cadrans de vingt-quatre heures pour comprendre un mécanisme que le système des douze heures ordinaires voilait de mystère !...
Pour ma part, j’ai été tellement séduit par la nouveauté de ce cadran et de cet indicateur que je suis immédiatement descendu des Folles-Buttes, vers la gare de l’Est !
Je ne vous cacherai pas que, en surgissant de l’escalier du Métro, j’ai été un peu… déçu.
D’abord le cadran de vingt-quatre heures était un vieux cadran de douze heures, le vieux cadran auquel j’étais habitué depuis un quart de siècle. La Compagnie avait seulement inscrit à l’intérieur de la première division, une seconde graduation partant de treize heures et allant jusqu’à vingt-quatre. Ça faisait ainsi deux couronnes de chiffres au lieu d’une.
Après réflexion j’ai cependant fini par trouver que ce n’était pas déjà si bête. En effet la réforme est sauve, puisqu’il y a bien vingt-quatre heures sur le cadran. Mes vieilles habitudes sont sauves également, puisque la disposition adoptée ne change pas du tout celle des aiguilles à laquelle je suis habitué depuis ma toute prime enfance, et que je puis considérer la couronne intérieure comme inexistante !
J’ai fait part du fruit de ma méditation à un modeste employé de Compagnie qui m’a répondu : « Ce cadran, monsieur, est provisoire. Dès que le cadran de vingt-quatre heures, type officiel, sera prêt, on l’installera en place de celui-ci. »
J’ai remercié cet excellent homme en faisant in petto le souhait égoïste que ce provisoire dure comme en France savent durer les provisoires ».Ce souhait a été exaucé puisque le cadran à vingt-quatre divisions n’a jamais été mis en place, pour les horloges en tout cas car cette montre prouve bien qu’il a été expérimenté sur des montres à gousset. Le cadran à double tour d’heure, avec chiffres romains noirs pour les heures de zéro à douze et chiffres arabes rouges pour les heures de treize à vingt-quatre devient le cadran officiel. Ouf, on a échappé au cadran de 24 heures ! Car même si on arrive à lire l’heure sur cette montre, on voit bien que le cadran est très chargé et beaucoup moins ergonomique que le cadran de 12 heures.
Bonne soirée et merci MTFLS pour ces photos !
Tatig