Merci, merci, n'en jetez plus, la cour est pleine ....
Passons donc au modèle suivant.
Pour le modèle de Mallet 2+2 des SE dont je vais entreprendre la construction sur la base du kit Gécomodel, j’ai consulté quatre documents :
- la revue de la FACS, CFRU n° 292-293 de nov 2002 ;
- le livre de P ; Laederich « les tacots du Bourbonnais », ed de l’Ormet (juin 1993) ainsi que le « copié-collé » qu’en a réalisé Connaissance du rail n°304-305 de déc 2006 ;
- Wikipédia, notamment article « réseau du Centre » ;
- Les « petits trains de jadis » tome 6, de H. Domengie, ed du Cabri (avril 1985), pages 79 et suiv.
La Société générale des chemins de fer économiques commanda à la SACM trois locomotives de type Mallet 2+2 pour améliorer le trafic marchandises de son réseau du Centre (Allier et Cher). Cette commande aurait été passée dans les années 1891-1892. En fait, les divers documents consultés ne sont pas d’accord sur les dates de commande ou de livraison de ces 3 locomotives. Pour certains, c’était en 1891, pour d’autres en 1892, pour d’autres enfin, ce serait 1893.
Ce n’est pas anodin, car Wikipédia fournit les numéros constructeur des ces Locos : ce serait SACM Belfort, N° 4440 à 4442. Dans MTVS n°1 (janv 1977), JC Riffaud confirme le n° constructeur de la 4503 (SACM Belfort 4442) mutée en 1923 sur le Valmondois-Marines. Cette info rend donc impossible les dates de livraison proposée par le même Wikipédia (1891) et par JC Riffaud (1892) et semble confirmer la date de livraison proposée par H. Domengie (1893).
Pourquoi cela. Et bien, tout simplement parce que, selon JC Riffaud (MTVS n°49 « les locomotives des CFD », 1989-1), la dernière Mallet 2+2 de ce type livrée au CFD (la 64), livrée le 23 sept 1891, portait le n° constructeur SACM Belfort 4275 !
Du reste, trois pages plus loin, JC Riffaud traite d’un autre type de Mallet livrées par la SACM Belfort, dont la première (la 301 CFD) portant le n° constructeur SACM Belfort 4285 fut livrée en juin 1892.
Avec des numéros constructeur s’échelonnant de 4440 à 4442, les trois Mallet SE ne pouvaient donc être livrées qu’en 1893. D’autant plus que les livraisons de 1895 de la SACM Belfort portaient déjà des numéros supérieurs à 4600.
La 4 501 (SACM 4440 de 1893) assura son trafic sur l’Allier jusqu’en 1923. Sa chaudière fut alors remplacée par une chaudière neuve. Malheureusement trois jours après, la locomotive (ou la chaudière neuve ?) alors chargée sur un wagon fut victime d’un grave accident en gare de La Guerche. Laissée à l’abandon, la chaudière ne sera réparée qu’en 1934. Les essieux de la locomotive ayant été reprofilés à la même époque, c’est une loco en bon état qui aurait été mutée sur le réseau de la Somme. Je dis « aurait été » car aucun des ouvrages en ma possession traitant du réseau de la Somme ne mentionne l’arrivée de cette Mallet.
S'agit-il de la 4 501 ?
Et celle-ci qui semble porter une plaque SE Somme, est-elle la 4 501, avec ses soupapes à balanciers devant le dôme ?
La 4 502 « Tortezais » est la plus connue des trois. Sa photo figure dans tous les ouvrages consultés. Réquisitionnée, elle a fait un séjour sur le Meusien de 1915 à 19.. (peut être 23 ?), avant d’être mutée sur le réseau SE Somme. Pour elle non plus, l’arrivée en Picardie n’est pas confirmée ….
Au moins est-on sûr qu'il s'agit bien de la 4 502 puisque ce numéro est "lisible" sur la traverse de tamponnement arrière !
gros plan sur la plaque constructeur. Les deux premiers chiffres sont incontestablement des 4 et il me semble bien lire 4441 !
Enfin, la 4 503 « St Jeanvrain » a suivi le même parcours que la 4 502, c'est-à-dire Allier jusqu’en 1915, Meusien jusqu’en 1923, puis Valmondois-Marines à partir de 1923 où elle n’assura qu’un service marchandises ainsi que la « réserve » des 031 T du réseau qui purent ainsi partir en réparation à tour de rôle.
La "St Jeanvrain" n°4 503, notez la soute agrandie et les caisses à eau allongées au maximum possible. Il semble également que la paroi arrière de l'abri soit du type CFD (semi ouverte).
Récapitulons :
- le nom de baptême de la 4 501 reste inconnu. De plus, il est possible que cette loco ait eue d’origine un abri avec paroi arrière semi ouverte (comme les CFD) et avec soute arrière inclinée. Il est également possible que ses soupapes à balanciers aient été placées devant le dôme vapeur et non derrière ….
- La 4 503 « St Jeanvrain » a été sévèrement modifiée, et très probablement par les ateliers de Cosne d’Allier, bien avant 1915. Ces modifications ne pouvaient ni être consécutives à la grande guerre (chute importante du trafic marchandises sur l’Allier conduisant d’ailleurs la SE à vouloir ses séparer de ses 3 Mallet)), ni être entreprises par le Valmondois-Marines dont le trafic ne justifiait même pas l’emploi d’une telle locomotive ;
- Reste la 4 502 « Tortezais » dont on est au moins certain qu’elle est restée quelques temps dans son état d’origine.
C’est donc elle qui sera reproduite avec le kit Gecomodel, sans modifications. En effet, Gecomodel fournissait une face arrière SE conforme à la place de la face arrière CFD semi ouverte. Il faudra néanmoins réaliser ses plaques spécifiques (constructeur, SE et autre petite plaque), le numéro 4 502 étant peint au-dessous de la plaque SE en chiffres blancs (ou jaune) ombrés de rouge. Il faudra également lui peindre ses traditionnels filets rouges.
Cordialement. JLS