Ce n'est pas pour remettre un euro dans la machine, mais je suis très surpris de l'expression "idéologues-pédagogistes (
de gauche comme de droite)" ; qu'il y ait des idéologues dans tous les bords, c'est l'évidence ; mais des "pédagogistes", alors, là, c'est un peu fort de café ! Je sais bien que le "en même temps" est à la mode (et va donc passer comme le reste), mais tout de même...
C'est faire un peu vite l'impasse sur la réalité de
l'histoire politique de l'institution. Et politique, cette histoire l'est de fond en comble ; et elle est dominée par le tropisme "progressiste" (pour rester modéré... ou pour causer comme Mélenchon, par exemple). Des "hussards de la République" (ma mère en était encore une...) au pacifisme d'après 14-18 (tiens : Freynet and co...) en passant par la mainmise communiste après 45 dans le cadre des accords issus du CNR, le tout débouchant sur l'entrisme gauchiste déjà cité, qui est archi avéré, et qui lui a tout naturellement succédé, il est aisé de retracer, sans le moindre esprit partisan, cette trajectoire. Reste à juger de l'arbre et des fruits, hier remarquables tant qu'on tenait à ce que la "culture bourgeoise" soit réellement partagée par tous (Vilar, TNP, Avignon, etc. encore dans les années 50), aujourd'hui particulièrement amers et désastreux depuis qu'on a décidé que puisque cette culture était "bourgeoise", il fallait la liquider et "retourner au peuple". La démagogie et la facilité plutôt que la culture et l'effort — pour le plus grand bénéfice du marché et des vendeurs de camelote, particulièrement "médiatique". Ce pourquoi on peut parler "d'idiot utile" — à un point que Staline lui-même (NDLR : inventeur de l'expression) n'aurait pas imaginé.
Quand au lobbying des éditeurs, depuis quand une Institution n'est pas à même d'y résister, particulièrement dans le cas de l'
Instruction Nationale (il faudrait commencer par revenir à cet intitulé : "l'éducation", c'est une autre affaire, et premièrement celle des parents) ?
Et les parents, justement : de même que Burlington pose à juste titre la question de la responsabilité des maîtres (et de leur recrutement, et de la dégringolade qui entraîne la dégringolade en cascade depuis maintenant des décennies en raison de la perte progressive de toute base solide), de même on peut interroger sérieusement la responsabilité des parents-consommateurs dans cette débâcle invraisemblable. Je ne me souviens que trop bien des réunions avec les parents d'élève en début d'année pour mes enfants. Alors que les maîtres présentaient un programme très insuffisant et beaucoup trop laxiste, j'ai
toujours vu les parents se plaindre des quelques contraintes ou exigences (très relatives !) qui étaient malgré tout tant soit peu posées, et réclamer moins, toujours moins, pour ne pas être emm...
Toujours. Au point que je devais systématiquement, dans ces circonstances, prendre la défense du maître (que pourtant je trouvais bien faible, et bien contaminé par la "modernité modernante") et essayer de soutenir ses maigres tentatives. Bien entendu : en vain. Tout cela n'était que mascarade, bien vite expédiée, de tous les côtés. Demain sera un autre jour. Il y a une série super, saison quarante douze, à la télé ce soir. Le maître de la prochaine année du cycle se démerdera. Etc.
Avec ces questions, il y a de quoi se mettre à peu près tout le monde à dos, ce pourquoi j'en reste là ("et pourtant, elle tourne...") ; sachant que ce problème est aigu, en effet complexe, multi factoriel, et surtout de nature à remettre en cause radicalement (i.e. "à la racine", comme disait Marx...) notre
existence ("façon de vivre", disons, et de fond en comble). A tous (moi y compris). C'est forcément très désagréable...
Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit. (La Rochefoucauld)